On l’a surnommé Saint Johnson, par admiration, par dérision – parce qu’il ne vit et ne jure que par la loi. Wayt Johnson, propriétaire du saloon Golden Girl et marshal de son état, n’a qu’un idéal : celui de faire régner la paix et l’ordre dans cette bourgade de l’Arizona. Quitte à y interdire le recours aux armes. Rêvant de devenir shérif, il doit commencer par faire la police au sein de sa propre famille : son frère Jim, qu’il protège envers et contre tout, se laisse embarquer dans une attaque de diligence. Sur fond de luttes de pouvoir, une querelle légendaire éclate entre deux clans, les Johnson et les Northrup. Qui imposera sa loi ?
Un western sobre, efficace et haletant – la première approche romanesque de la célébrissime « fusillade d’OK Corral » qui inspirera tant de films.
“Comme toujours chez Burnett, on y trouve un grand nom bre de détails justes : le système juridique corrompu, le problème du port des armes, le clivage entre cow-boys et commerçants des villes.
Cette obsession de la légalité, ce désir de ramener une paix civile, pousse le romancier, pourtant républicain convaincu, à prendre des positions très progressistes sur le contrôle des armes à feu. Le combat mené par Wayt Johnson, Deadwood, Brant et Luther, qui désarment tous ceux qui entrent dans Alkali, ferait hurler les républicains actuels. Nouvelle preuve de la liberté d’esprit de l’écri vain.”
BERTRAND TAVERNIER
juin, 2015
14.50 x 24.00 cm
224 pages
ISBN : 978-2-330-05105-1
Prix indicatif : 21.00€
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Burnett donne au western les allures d’un thriller psychologique dans des décors qu’il a à peine besoin de décrire pour qu’on les visualise.
Exhumé par Bertrand Tavernier, responsable de la formidable collection « L'Ouest, le vrai », ce roman jusqu'ici inédit, s'inspirant du fameux épisode de la fusillade à OK Corral du 26 octobre 1881, charrie les images increvables du genre (parties de poker au saloon, attaque de diligence, chasse à l'homme dans des déserts hantés par les Apaches...) pour célébrer d'une écriture sèche (et avec une grande rigueur historique) un Far West plus fascinant que jamais. Chapeau !
Son obsession de la légalité, son désir de ramener une paix civile poussent le romancier à prendre des positions très progressistes sur le contrôle des armes a feu. Un combat très actuel.
Je m’y suis mis à cette collection « L’Ouest, le vrai » chez Actes Sud. Depuis le temps qu’ils me narguaient ces beaux livres longilignes (et parfois costauds), j’ai décidé de m’en procurer un par mois et, comme disent les n’enfants, d’en faire la « collec ». J’ai donc commencé par SAINT JOHNSON, de W.R.Burnett et j’ai adoré cette première incursion personnelle en littérature westernienne. Oh, il y eu bien JOHNNY GUITARE, de Roy Chanslor, que je m’étais procuré pour 1 franc, en 10/18, il y a un bail et il faudrait que je remette la main dessus.
Donc pour rappel, SAINT JOHNSON est le roman qui a servi de matériau à John Huston et Tom Reed lorsqu’ils s’attèlent au scénario de LAW AND ORDER, d’Edward L.Cahn, que je n’ai jamais vu et que Sidonis devrait avoir l’idée de sortir. Bref, c’est pas compliqué : c’est OK Corral sauf que Wyatt Earp s’appelle ici Wayt Johnson et Doc Holliday, Brant White. Dans ce dernier cas, il y a tromperie sur la marchandise et White n’est ni tubard, ni spécialement alcoolique, ni tragique. Ceux qui attendent Victor Mature en seront pour leurs frais. Voici comment Burnett le décrit (assez tardivement du reste) : « Il était grand et efflanqué, la poitrine creuse, avec un visage mince et pâle, des dents trois fois trop larges, mais il se comportait comme s’il se croyait le plus bel homme de tout le comté de San Miguel. » Voilà pour Victor Mature.. Western désenchanté et laconique, SAINT JOHNSON stupéfie de nous plonger dans un monde à la fois familier et autre. La ville westernienne (ici Alkali, en lieu et place de Tombstone)nous change des décors urbains de mise dans les westerns, même ceux de villes que l’on sait importantes. Première entorse à nos habitudes, les rues ont un nom (la rue Archer, la rue Santa Anna..). Pas le souvenir d’entendre des noms de rues dans les westerns. Ensuite vient l’ambiance. Ce qui impressionne dans SAINT JOHNSON est ce sentiment, que l’on ressent, de la permanence diffuse d’un principe de réalité déjà installé, comme si l’on était propulsé sans préparation dans un univers brut et non décrypté. L’assurance du récit désarçonne car aucun clou n’est enfoncé par Burnett qui donne à faire ressentir un climat d’extrême brutalité (les « gentils » semblent presque plus psychopathes que les « méchants », dont on nous dit qu’ils sont des salopards sans qu’on les « voit » l’être)sans daigner corroborer ce constat par un quelconque amoncellement de cadavres. Ici, ce sera deux ou trois tués, quelques blessés, et c’est tout. Mais c’est suffisant. De manière très réaliste et plausible, les gens, dans SAINT JOHNSON sont près à tuer facilement mais réfléchissent toujours à deux fois avant de le faire et combien de « gunfights » ne se produisent pas tout simplement parce que bons nombres de belligérants, malgré leur haine, tiennent à leur peau contrairement à ce que l’on voit dans la plupart des westerns où l’on tue (ou bien l’on se fait tuer) aussi facilement que l’on se retourne dans son lit, pour reprendre une expression lue dans le roman.
Pour l’instant , de ce que j’en perçois, cette littérature, c’est les westerns, mais en plus vrai. Ça tombe bien, c’est le titre de la collection : « L’Ouest, le vrai ».