« Lorsque j’ai créé les éditions Jacqueline Chambon, outre ce que j’avais appris pendant huit ans avec Hubert Nyssen, je n’étais sûre que de deux choses : ne publier ni des fonds de tiroirs ni, selon les mots de Paulhan, « des livres que c’est pas la peine ». **La Pianiste**, de Elfriede Jelinek, donne une assez bonne idée de ce qu’allaient être mes choix futurs. Refusé en France par tous les éditeurs, car trop dérangeant, il était inclassable, iconoclaste et éminemment étonnant. L’expérience m’a montré que cette singularité, cette façon d’offrir une réalité dépoussiérée de l’habitude, comme l’angle d’une photo découvre un coin de rue où l’on passe tous les jours sans le voir, était souvent la première pierre d’une œuvre à venir. Pour moi, c’est cela être éditeur, multiplier, par la grâce de la sensibilité unique d’un autre, notre expérience du monde et jouir de l’émerveillement renouvelé des premières fois. »
Jacqueline Chambon