Quelques années après la révolution, Evgueni Zamiatine, auteur reconnu et familier des milieux d’avant-garde, écrit Nous, un roman d’anticipation. Traduit à l’étranger et circulant sous le manteau dans son pays, il ne sera jamais édité en russe du vivant de Zamiatine. Pire, cet “infect pamphlet contre le socialisme” sera la principale pièce à conviction de sa mise à l’écart, de sa “mort littéraire”.
Nous se présente comme le journal tenu par D-503, le constructeur de l’Intégrale, un vaisseau spatial dont la mission est de convertir les civilisations extraterrestres au “bienheureux joug de la raison”, au “bonheur mathématiquement infaillible” que l’État Unitaire prétend avoir découvert. Six siècles après notre époque, le monde civilisé s’est en effet organisé en un “État Unitaire” sous la férule d’un “Bienfaiteur”. Les hommes – des “Numéros” – habitent une cité de verre où tout est régulé, particulièrement l’activité sexuelle, et ils paient de leur vie le moindre écart à cet ordre établi contre lequel, malgré tout, une poignée de dissidents va s’insurger.
En 1920, quand Zamiatine écrit Nous, la fièvre révolutionnaire est retombée, l’élan déjà s’est brisé, confisqué par d’“aimables fonctionnaires”.
Anti-utopie prophétique qui anticipe toutes les glaciations du xxe siècle, Nous se lit comme un long poème sur le retour nécessaire des révolutions. Cette nouvelle traduction vise à faire entendre, dans les mots, cet appel tragique : on a toujours raison de se révolter.
mars, 2017
13.50 x 21.50 cm
240 pages
ISBN : 978-2-330-07672-6
Prix indicatif : 21.00€
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Par miracle, ce livre fournit un antidote au poison qu’il dénonce. Son ironie dévastatrice s’accompagne de poésie et de drôlerie. (...) Angoissante prophétie sur l’avenir des sociétés industrielles, Nous accomplit l’exploit d’être aussi un livre expressionniste et joyeux.
Ce roman nous dit que la part la plus belle de l’humanité est sa part faillible et mortelle, et non sa volonté inextinguible de contrôle et d’immortalité. Puissions-nous, au moment de retrouver la vie ordinaire, nous en souvenir.
Avec Nous, Zamiatine plonge le lecteur dans un long poème. Toute la finesse de l’œuvre réside aussi dans cette langue, d’abord ancrée dans le style épique et lyrique des discours révolutionnaires.
Traduit en français en 1929, l’ouvrage demeure d’une brûlante actualité, car la future société communiste décrite par Zamiatine ressemble à s’y méprendre à notre “société du bonheur parfait”, de la consommation, de la pensée unique et de la culture du divertissement.
Cette nouvelle traduction de cette grande œuvre est à saluer.
Nous ou le bonheur terrible de l’état unitaire magnifié dans une nouvelle traduction. L’écriture est entrechoquée, plus étonnement métaphorique, elle gagne en intensité à mesure qu’elle passe du monde mathématique à celui de la liberté, comme en un cubisme coloré.
Evgueni Zamiatine met son talent au service de la révolution et devient un acteur majeur de l’effervescente vie littéraire.
Actes Sud propose aujourd’hui une nouvelle traduction, signée Hélène Henry. Celle-ci explique avoir voulu restituer le côté “actif et déchiré” de l’écriture de Zamiatine, contemporaine du cubisme et des premières expérimentations cinématographiques. De fait, on a l’impression d’avoir affaire à un roman tout à fait différent, la langue lissée de Cauvet-Duhamel faisant place à un style brutal, arythmique, saccadé.
Le roman de la dystopie.
La première contre-utopie du XXe siècle nous vient de la Russie de 1920 : sa nouvelle traduction fait renaître une œuvre chargée de poésie.
Et si ça avait été là la démonstration de son génie : avoir deux coups d’avance sur tout le monde.
Nous est l'un de ces livres imparfaits et séminaux que les circonstances politiques ont occulté au moment où il aurait dû vivre.
Une anti-utopie qui anticipe toutes les glaciations et difficultés du XXe siècle. Un superbe auteur.
À relire ce texte fondateur, ses qualités littéraires frappent autant que son côté visionnaire. Tout en finesse, pénétré d'une sombre mélancolie et d'un humour glacé, il évoque autant Tchékhov que Gogol.
Nous, le roman qui a inspiré Huxley, Orwell et Terry Gilliam Son roman le plus remarquable, écrit en 1920, est aujourd'hui republié aux éditions Actes Sud dans une nouvelle traduction d'Hélène Henry. Et il faut absolument le lire !
Grâce à la nouvelle traduction d’Hélène Henry, le lecteur français a donc, presque un siècle plus tard, la possibilité de lire une version fidèle à l’original.
Chef d'œuvre dystopique. La traduction met en relief tout ce que l'écriture de l'auteur doit à l'art de son temps.