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Les vieux ne pleurent jamais



À soixante-dix ans, Judith Hogen vit désormais seule. Actrice à la retraite, elle a cessé de fréquenter les scènes artistiques new-yorkaises et se contente de la compagnie de sa voisine, Janet Shebabi, une femme de son âge fantasque et malicieuse.

Trouvant un soir entre les pages d’un roman de Louis-Ferdinand Céline une vieille photographie, Judith est transportée cinquante ans en arrière et soudain submergée de tendresse et de ressentiments. Face à ce visage longtemps aimé, elle se surprend à douter des choix du passé.

C’est ce moment que choisit Janet pour lui proposer de partir, de s’embarquer dans un voyage organisé aussi déroutant que burlesque au cours duquel s’établit entre elles un compagnonnage heureux hors des convenances de l’âge.

De retour à Brooklyn, Judith doit bien admettre que la raisonnable passivité que lui impose la société devient insupportable. Elle décide de repartir en voyage, dans son pays natal, cette France quittée dans les années soixante, là où demeure cet homme, celui de la photo, ce héros.



Céline Curiol convoque ici avec humour les paradoxes de l’âge à travers le mystère de la permanence, de la persistance des liens entre les êtres. Qu’ils soient amis, frère et soeur ou amants, que reste-t-il de ces attaches qui les construisent, les rassurent ou les abîment?


“D’abord, je me suis mise à les observer sans trop savoir ce qui motivait ce désir. Ça a commencé par ma mère, quelque temps après qu’elle eut perdu son mari, mon père. J’essayais de deviner si un changement fondamental s’était produit en elle, avec les pertes et les années. Puis il y en eut d’autres, dans la rue, au cinéma, au restaurant, dans les bus et les trains, femmes, hommes, discrets, retors, pétillants. J’observais leurs gestes, leurs expressions, leurs habitudes, et avec eux les autres se comporter, inattentifs ou brusques. D’ailleurs, quand je parle d’eux, c’est peut-être de vous et tant mieux. Ma curiosité sur le qui-vive, je voulais sentir et comprendre, savoir ce qu’est cette chose dont les images publicitaires vantent les mérites mais dont on ne parle qu’à distance. Vieillir… inéluctable, imprévisible, menaçant, mais qu’était-ce vraiment ? Le drame de la condition humaine ?

Ingénue du haut de mes quarante ans, j’ai pris les devants, attirée, comme je l’ai souvent été dans mon travail d’écrivain, par ces « concepts généraux » qu’on lance à tort et à travers dans le flot des conversations, nous en servant comme de motifs et de garants alors que nous n’osons les sonder davantage de peur de ne pas nous y retrouver. Ce fut l’Amour pour Exil intermédiaire, l’Étrangeté pour L’Ardeur des pierres, la Dépression pour Un quinze août à Paris. Aujourd’hui le Vieillissement… dans un monde où les rêves de jeunesse éternelle sont un moteur d’espoir et de consommation, où la sexytude a supplanté toutes les sagesses.

Le roman que j’ai voulu écrire est celui d’une quête, non de vérités, toujours élusives, mais de fraternité. C’est le roman d’une résistance contre les attentes que notre apparence induit chez les autres. Que vaut le temps s’il n’est que l’érosion de nos plus sûres forteresses ? Que vaut la vie si l’on ne se sent plus à quiconque nécessaire ? D’une rive à l’autre de l’Atlantique, Les vieux ne pleurent jamais est une histoire de rupture et de fuite, d’amour et de préjugés, aussi banale et vitale que toutes les histoires de famille.

C. C.

janvier, 2016
11.50 x 21.70 cm
336 pages


ISBN : 978-2-330-05790-9
Prix indicatif : 21.00€



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Ce livre existe également en version numérique

Céline Curiol pose un regard d'une précision glaçante sur l'angoisse et le dégoût condescendant que le grand âge inspire à une société vouée au culte de la jeunesse éternelle.

Véronique Cassarin-Grand, L'Obs

Avec Les vieux ne pleurent jamais, Céline Curiol livre un roman de formation au troisième âge. Une réussite. (...) Fort d'une langue vive et souple (…), Les vieux ne pleurent jamais fait plus qu'interroger avec une belle empathie ce que signifie être vieux dans un monde voué à la consommation ardente.

Bertrand Leclair, Le Monde des Livres

Avec une intelligence aiguë et armée d'une écriture sensuelle, elle glisse de la comédie de mœurs à une gravité presque tragique. (...) Bien loin des romans qui ricanent devant le troisième âge ou feignent de s'en extasier, celui-ci, signé Céline Curiol, accompagne une authentique héroïne dans sa dérive, ses angoisses et ses instants de renaissance.

Christine Ferniot, Télérama

Après la dépression, dans Un quinze août à Paris, elle s'attaque au vieillissement… Ne fuyez pas, c'est magnifique !

Gilles Chenaille, Marie Claire

Souvent exclues de la littérature, les personnes âgées sont au cœur du roman de Céline Curiol, qui démontre qu'on  peut en tirer un roman sexy. (...) Ce nouveau texte, elle l'a construit comme un roman à l'américaine en mêlant humour, intrigue et émotion.

Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles

Un roman parfaitement maîtrisé, a l'ironie parfois féroce, qui vaut pour ses petits détails vrais et sa façon de rendre la nudité des sentiments. Miroir impitoyable du réel, l'écriture sait rendre la présence, au fond de l'être, d'une inquiétude muette.

Richard Blin, Le Matricule des Anges

Les Vieux ne pleurent jamais, qui démarre comme un road-trip américain entre vieilles dames pour se métamorphoser en émouvante fresque sur l'attachement.

Exit Mag

Le passage du temps permet les retrouvailles. Elles sont nombreuses et donnent au roman ses plus belles scènes ; à cette fiction sur la vieillesse, son prix.


Virginie Bloch Lainé, Libération

 Céline Curiol ne la joue pas psychanalyste pour maisons de retraite. Elle secoue les idées reçues, offrant à ses personnages de vrais rôles.

Christine Ferniot , Lire