Ils étaient treize et ne sont plus que cinq. Cinq migrants clandestins ayant cru leurs passeurs, mais bientôt abandonnés dans un désert pierreux battu par les vents, un territoire qu’ils pensaient libre et heureux puisque situé par-delà la frontière.
Mais ces passeurs leur ont-ils réellement fait franchir une frontière ?
Quelque part à l’est de notre continent, une ville, Michaïlopol, poursuit sa lente décadence sous l’oeil désabusé de son commissaire de police, Pontus Beg. Univers de violence pas toujours ordinaire, d’arbitraire corruption, d’amours ancillaires vagues et misérables – ce flic usé donne soudain un sens à sa vie en se découvrant une appartenance religieuse : la Torah devient pour lui promesse de sens, lecture inédite du monde.
Quand les clandestins, après des mois d’errance, arrivent enfin à Michaïlopol, ces moribonds venus d’ailleurs sont pour tous un objet d’effroi. Vite embarqués au poste, ils sont placés à l’isolement. Lors de leur arrestation, on trouve parmi leurs pauvres effets un colis macabre emmailloté dans une guenille.
D’une écriture limpide sur le mode de l’apologue, ce livre impressionnant au souffle biblique, spirituel autant que cruel, est une condamnation de l’état du monde du xxie siècle.
février, 2015
11.50 x 21.70 cm
336 pages
ISBN : 978-2-330-03902-8
Prix indicatif : 22.50€
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Quand le réel, par trop insupportable, asphyxie notre conscience, il faut le biais de la fiction, de la parabole, du récit apologue, pour le mettre à distance en l’éclairant. C’est manifestement ce qui pousse Tommy Wieringa, auteur néerlandais, qui a reçu dans son pays le prestigieux prix littéraire Libris pour cette histoire cruelle mais rédemptrice. Un polar qui questionne autant le récit biblique que l’actualité.
C'est le roman de la situation. Un roman européen, universel, qui donne sa dimension poétique à la tragédie des migrants mourant en Méditerranée.
Situé dans des espaces imaginaires, quelque part à l'est d'une Europe bien réelle, ce livre des confins prend à la gorge par une transcendance qui donne plus de force encore au réalisme. Aux terribles conditions de nos errants répond leur quête d'un certain esprit des lieux traversés : ce vieux continent, l'Europe, n'est-il pas bâti sur l'Histoire et les légendes ?
Roman à deux niveaux de lecture, Voici les noms décrit la fin d'un certain humanisme européen, tout en questionnant l'âme même des croyances, des légendes et de la littérature : nommer les choses pour témoigner et raconter. Car ici, "le nom n'est que l'hôte du réel."