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Actes des treizièmes assises de la traduction littéraire 1996


COLLECTIF


"En somme, si chaque traduction est moins que l’original, le traduire comme tel, l’activité que l’on appelle traduire, va, nous dit-on, en être, à la longue, l’équivalent et sans doute même davantage, puisqu’elle fait ainsi paraître au grand jour la vie intime du texte, cette vie que l’auteur, pour sa part, avait réfrénée autant que produite. Et il découle de cette constatation que critiques et philosophes qui la tiennent pour sufÞsante peuvent déclarer que le poème, le poème pourtant tenu pour original, est non la cause mais la conséquence de la traduction, l’événement que celle-ci rend possible ; et que traduire a donc à être considéré, non comme une tâche ancillaire, aux marges de la véritable invention, mais l’activité primordiale de la pensée au travail. On soulignera par exemple, et à bon droit, que le traducteur, découvrant dans sa version d’une œuvre, des aspects de celle-ci qui n’y paraissaient pas en surface, à cause quelquefois des refoulements, des illusions, des idéologies inaperçues, de la langue originale, va aider sa propre langue, celle dans laquelle il traduit, à déceler ses insufÞsances à elle, dans le rapport du conscient et de l’inconscient, lui permettant ainsi d’explorer des pouvoirs encore virtuels. Que de poèmes, c’est vrai, que de grands poèmes innovateurs, sont nés à proximité de traductions faites, ou projetées, d’une façon novatrice ! Pour s’en convaincre, il sufÞt de penser à Hölderlin, traducteur hardi — de la poésie de la Grèce — autant que le recommencement de la poésie allemande."

 

(Extrait de la conférence inaugurale d’Yves Bonnefoy)

novembre, 1997
13.00 x 24.00 cm
248 pages


ISBN : 978-2-7427-1477-3
Prix indicatif : 22.90€



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