Sara, une femme marocaine de quarante ans fragilisée par un diagnostic médical inquiétant, s’installe sur un canapé, choisissant peut-être de prendre le temps de vivre. Là, tendrement entourée de ses deux fils, elle se livre au plaisir de redécouvrir le contenu d’un grand sac de toile dans lequel se trouvent pêle-mêle toutes ses photos de famille.
Dès lors s’imposent les visages de ses parents, de ses oncles et tantes, ces jeunes gens des années soixante-dix aussi beaux que déterminés au bonheur dans ce pays qui se trouvait pourtant à l’orée d’un basculement irréversible. Viendront ensuite ses cousins et son frère – ils ont huit ou dix ans – dans un jardin, posant avec elle sur un muret en plein soleil, ou au couchant en bord de mer.
Tant d’images, de lumières et d’impressions subtiles figées pour l’éternité. Tant de portraits riches de singularités conjuguées que Sara réanime en éclairant leur vulnérabilité et leur aveuglement face à ce pays tant aimé qui ne cessait pourtant de subir les violences des enjeux de pouvoir.
Un roman d’une rare élégance, sur une constellation familiale qui a rassemblé, au coeur des conflits de l’Histoire, des hommes et des femmes dont l’acceptation profonde de l’humanité des autres a contribué à la création d’un univers éminemment particulier. Un livre où le combat des femmes s’éploie de l’intime à l’universel.
mars, 2017
11.50 x 21.70 cm
112 pages
ISBN : 978-2-330-07558-3
Prix indicatif : 13.80€
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De ce récit généalogique découle une réflexion subtile sur la féminité, sur les espaces qui l'enferment et ceux dans lesquels elle peut se déployer. L'un d'eux s'appelle la littérature.
Chaque visage, chaque scène [lui] rappelle le Maroc des années 1970 et ouvre [en elle] une lecture revisitée de cette période heureuse et singulière, à l'orée d'un basculement à la fois politique et social. Yasmine Chami, historienne et anthropologue, signe là un second roman à la fois féministe et nostalgique.
Mourir est un enchantement est un doux bilan poétique et imagé de la vie d'une femme, entourée de ses deux fils, et au-delà de l'histoire parfois tragique du pays.
La plume de cette auteure marocaine est rare, parcimonieuse et d'autant plus remarquable.
Cette famille a le parfum d'un Maroc qui n'est plus, l'assurance de ceux qui n'ont pas encore conscience de la défaite prochaine. L'autoritarisme, la pudibonderie, l'hypocrisie ont vaincu. Reste le pouvoir de la mémoire et des mots pour ressusciter ce passé si proche. Ceux de Yasmine Chami sont aussi beaux et mélancoliques qu'un chant d'amour perdu.
Cette pléiade d'instantanés restitue une atmosphère couleur sépia, fortement teintée d'humanisme. Un moment béni, pour ceux qui sont vivants, jusqu'à ce que la nuit les disperse.
Yasmine Chami est une écrivaine marocaine d'expression française, pourtant son mode de narration la rapproche de certaines romancières italiennes comme Christina Comencini ou Ginevra Bompiani. Le temps qui passe, les illusions perdues, la politique sont des thématiques toujours observées à partir de situations intimistes, de petits détails, comme le souvenir d’un repas de famille, le décor d’une terrasse ensoleillée, quelques phrases volées à l’oubli.
Elle tresse un récit qui est à la fois intime et universel sur la filiation et les sociétés modernes.