Au Cambodge, tout le monde sourit. Les habitants comme leurs bouddhas de pierre. Un sourire aussi impénétrable qu’indélébile, masque qui protège plus qu’il ne projette et qui, rapporté à l’histoire violente du pays, produit chez le visiteur un vertige singulier, lui tend un troublant miroir. C’est ce vertige, ce trouble qu’explore Nancy Huston en questionnant les correspondances improbables qui lient pourtant intimement son propre parcours à celui d’un certain Saloth Sâr, garçon cambodgien aux mues douloureuses, à l’identité assaillie, avant qu’il ne devienne… Pol Pot.
D’abord Nancy Huston s’adresse à cet Homme nuit pour retracer les étapes et les cicatrices de la fabrique d’un monstre, de l’enfance rurale à la formation militante parisienne où Sâr épouse le communisme, comme si la liturgie marxiste venait combler le manque laissé par l’arrachement au monastère bouddhique.
Puis elle se retourne sur son passé de Mad Girl, cette toute jeune Canadienne aux prises avec la légèreté dévastatrice des hommes, que son initiation intellectuelle mènera, des années plus tard, dans ce même sillage, ce même Paris effervescent et radical.
Apparaissent alors les échos entre deux tentatives de résistance par la disparition, le défi souriant à la douleur, par un effacement de soi qui précipite une exposition aussi paradoxale qu’absolue.
Livre de lucidité et d’intuition mêlées, Lèvres de pierre laisse au lecteur la saisissante sensation de se tenir au plus près du pouvoir des hasards qui façonnent les chemins de la création et de la destruction, les pages sanglantes de la fiction comme celles de l’histoire.
11,5 x 21,7 cm
256 pages
ISBN : 978-2-330-10868-7
Prix indicatif : 14.99€
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Après quelques instants d’étonnement, on se laisse happer par ce récit au thème improbable. Nancy Huston a le talent et l’habileté pour réussir ce numéro d’équilibriste sans tomber dans la farce ou le ridicule. Elle est totalement bluffante.
Une grande réussite.
Par ce roman de l’errance politique, individuelle et collective, roman de la lutte entre la croyance, et l’émergence d’un libre arbitre, Huston dépasse la confession, et soumet, par son courage, la jeunesse, et son désir de radicalité, à la question.
Elle n’a pas froid aux yeux, la formidable Nancy Huston !
Elle met en regard de manière vertigineuse, ces deux jeunesses aussi différentes, en y trouvant de troublantes similitudes.
Le lecteur ne pourra qu'être saisi par l'empathie de l'auteure pour l'enfant qui ne s'appelle pas encore Pol Pot mais Saloth Sâr.
Sa trajectoire à elle, sa jeunesse, le lecteur la connaît un peu … Elle prend ici un relief particulier et saisit le lecteur dans son aspiration à « lire » le monde, à comprendre cette étonnante fabrique de personnalités complexes qu'est l'humanité.
Nancy Huston tisse des fils fantômes et brosse les troublants portraits de deux êtres aux contours fragiles, « dévorés d'abord par la peur puis par la rage » … Bercés par leurs douleurs, leurs fantômes d'enfants brisés se croisent et esquissent une réflexion sur les chemins cahoteux qui mènent à l'engagement. De l'écrivaine écorchée au politique tyrannique, il n'y aurait qu'un pas, jeté entre deux monstres qui sourient pour mieux cacher leurs secrets.
De qui, de quoi est fait le destin que l'on a ? Sur quelles failles et après quels détours se construit une vie ? Pourquoi des évènements similaires engendrent-ils le despotisme violent de l'un, la créativité engagée de l'autre ? Ces questions, parmi d'autres, émergent avec force du récent et très surprenant roman de Nancy Huston.
La confrontation des deux parcours souligne, en deux narrations simples et documentées, la part des humiliations, hasards et rencontres qui les ont façonnés. Troublant.
Poignant.
Grande finesse.
Très audacieux.
Chapeau !
Ce livre mêle en une écriture sèche et précise, violence et dérision, tout en nous proposant une interrogation sur la place du roman dans notre société. Une réussite.
Un roman dérangeant et puissant sur la guerre et sur la naissance des monstres.
Ce qui frappe le plus chez Nancy Huston, c'est son regard hypnotisant, presque aveuglant. Nancy est une femme qui n'a pas froid aux yeux. « Cash » et sans détour.
Dans son nouveau diptyque, Levres de pierre, elle confronte sa propre éducation politique et érotique à celle de Pol Pot le tyran communiste cambodgien. Inattendu.
Un face à face étourdissant, où les déceptions forgent les caractères, les déterminations et les destins, pour le meilleur ou pour le pire...
Sa plume toujours juste touche au plus profond.
Un livre très puissant
Dans son œuvre imposante et nécessaire, Nancy Huston sonde aussi bien l’appareil social que les tréfonds intimes