Dans un immeuble de São Paulo, un professeur de biologie souffre des nuisances sonores provoquées par Ygor, son voisin du dessus. L’énervement vire à l’obsession et tout l’insupporte : la musique, le téléphone, les voix, les grincements du sommier ; la vie, quoi…
Les tentatives pour régler le problème ne font qu’accroître l’animosité entre les deux hommes. Avec la haine, irréversible, vient la volonté de vengeance. Profitant de l’absence annoncée du voisin, le prof se rend dans son appartement où il est surpris par ce dernier, rentré à l’improviste. Tout s’enchaîne alors dans un déroulé confondant de naturel et… de violence. Au tribunal, l’avocat plaidera une forme rare d’épilepsie induite par le bruit, qui aurait entraîné des troubles mentaux.
À l’image de Gog et Magog, païens en terre damnée du livre d’Ézéchiel, voilà des êtres pitoyables qui s’affrontent, en qui semble se rejouer le combat diabolique et cosmologique du bien et du mal.
Éducation nationale, hôpitaux, système carcéral, corruption, racisme : en quelques chapitres savoureux, Patrícia Melo se livre à un état des lieux cuisant de la société brésilienne et à une dénonciation féroce de la faillite de l’État.
mai, 2021
11.50 x 21.70 cm
160 pages
ISBN : 978-2-330-15076-1
Prix indicatif : 18.80€
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Gog Magog de Patricia Melo est une impitoyable petite machine perverse. Dont on ne sort pas indemne… (…) l’exercice de style virtuose dans le registre du roman noir se mue en exercice de pensée sceptique. Et c’est alors le lecteur dont la raison est poussée dans ses retranchements.
Louvoyant entre la neutralité du style et une précision toute chirurgicale, Patricia Melo joue quelques fois des ressentis de son anti-héros pour dépeindre une lente mais sûre descente aux enfers…
Patricia Melo installe avec un plaisir non dissimulé une situation dont on sent bien qu’elle va dégénérer en drame. Madame sait y faire pour que l’animosité vire animalité. (…), on ne vous en dit pas plus. Seule chose qu’on peut vous révéler, c’est qu’il y a de la drôlerie dans le désastre annoncé, voire de la bouffonnerie. Ça, c’est la première partie qui voit le personnage se transformer en « criminel accidentel », et ce pourrait être, pense-t-on souvent, le scénario d’un film de Woody Allen. (…). La romancière dépasse en effet la facétie bien ficelée et glisse davantage dans une critique politico-sociale, on peut même dire anthropologique. (…). Si on a pu sourire au début du livre, croyant qu’il s’agirait seulement d’une farce macabre et désopilante à la Woody, on se rend compte à la fin qu’il est bien plus sérieux que cela : une satire de ce temps présent si bruyant.
Un court roman délicieusement noir que n’aurait pas renié Edgar Allan Poe !