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Déserter



Quelque part dans un paysage méditerranéen orageux familier et insaisissable, en marge d’un champ de bataille indéterminé, un soldat inconnu tente de fuir sa propre violence. Le 11 septembre 2001, sur la Havel, aux alentours de Berlin, à bord d’un petit paquebot de croisière, un colloque scientifique fait revivre la figure de Paul Heudeber, mathématicien est-allemand de génie, disparu tragiquement, resté fidèle à son côté du Mur de Berlin, malgré l'effondrement des idéologies.
La guerre, la désertion, l’amour et l’engagement... le nouveau roman de Mathias Enard – vif, bref, suspendu – observe ce que la guerre fait au plus intime de nos vies.


Rentrée française 2023

« J’avais entrepris lécriture de la biographie fictive du mathématicien est-allemand Paul Heudeber depuis quelque temps lorsque la guerre en Ukraine a envahi mes carnets. Le 24 février 2022, le conflit a frappé de plein fouet mes projets. Le roman que j’envisageais ne pouvait plus être le même. La résurrection du discours – nazis, dénazifier – faisait remonter les années 1940 jusqu’à nous. La Russie assumait son impérialisme. Elle brandissait sa violence comme une fierté. Les couleurs des années 1990 (hiver, sang, feu) teintaient de nouveau l’Europe. Les chars soviétiques T72, ces boîtes plates et vertes que nous avions vues dans les champs de maïs abandonnés de Pannonie tirer sur Vukovar, roulaient vers Odessa, et leurs équipages, ces soldats russes de moins de vingt ans, brûlaient vifs trois par trois, prisonniers de leur blindage, lorsqu’un missile Javelin ouvrait leur tank comme on arrache la tête d’un oisillon avec les dents. À travers les arbres, on voyait de nouveau les animaux – les cochons, les chiens – errer jusque sur nos écrans, souvent horriblement mutilés, avant d’être achevés d’un coup de baïonnette. Odessa, l’Alexandrie de la mer Noire, allait subir le sort de Sarajevo. 

J’ai compris plus ou moins à ce moment-là, alors que mes angoisses et mes cauchemars devenaient de plus en plus pressants, qu’il fallait que je m’enfonce de nouveau dans mon traumatisme de guerre, mes obsessions ; j’ai imaginé un personnage au creux d’une montagne, au bord de la Méditerranée. Il a un fusil à la main, il vient de quitter la guerre, mais il ne suffit pas de la quitter, il faut s’en défaire. Il va errer dans les territoires de son enfance avant de partir vers le nord pour passer la frontière et quitter le pays. 

L’histoire de Paul Heudeber, sa fidélité à l’amour et au socialisme, malgré la déportation et la guerre froide, se prolongeait dans celle du déserteur, elle s’y reflétait, et le soldat perdu envoyait ses vibrations désespérées vers Paul Heudeber et sa fille Irina. Tout se projetait, se reflétait dans les lacs autour de Berlin et dans la recherche de l’espérance. »

Mathias Enard

août, 2023
11.50 x 21.70 cm
256 pages


ISBN : 978-2-330-18161-1
Prix indicatif : 21.80€



Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique

Le talent, l’intelligence et l’originalité qui distinguent ce roman, reflètent bien ce que peut être la richesse de la littérature. 

Josianne Létourneau, Librairie Paulines, à Montréal au Canada, FRANCE INTER - La Librairie francophone

Un superbe double récit travaillé par la question de l’éternel retour de la guerre et de la violence.

Les deux récits parallèles qui composent Déserter se répondent secrètement par une vibration ténue […]. De ce double mouvement s’élève un chant singulier où s’entrelacent la poésie des mathématiques, l’impossibilité à sortir de la violence, l’éternel obscurité à soi et la fragilité de l’Histoire et de ses traces.

Marie Richeux, FRANCE CULTURE - Le Book Club

L’extraordinaire talent de Mathias Enard.

Avec Déserter, l’auteur de Boussole (Prix Goncourt 2015) réussit un roman d’une ambition folle : dans ces pages magnifiques, dans ces tensions entre les personnages, entre des évènements en apparence éloignés, naît une forme d’étonnante globalité.

LA GRUYÈRE

Dans ce livre assez court qui pose plus de questions qu’il n’assène de réponses, l’écriture de Mathias Enard se fait somptueuse et presque poétique. Peut-être parce que, quand la raison ne suffit plus, la littérature, la poésie, est le moyen qui reste pour appréhender ce qui nous arrive.

Sébastien Omont, EN ATTENDANT NADEAU

Dans la lignée de Zone, paru en 2008, Mathias Enard mêle à une méditation sur la violence aveugle et le cycle perpétuel de la guerre, un sens aigu de la beauté du monde.

Qu’est-ce que déserter ? En principe, c’est fuir son propre camp. Ce peut-être aussi, par une fidélité immuable à un monde révolu, devenir un étranger au temps présent.

Vincent Garnier, PHILOSOPHIE MAGAZINE

Mathias Enard suit son sillon, explore ses passions et ses hantises sans se soucier des modes. Le lire n’est pas un plaisir béat, c’est une expérience

Déserter est formé par un arc qui va de la violence à la science. De la désertion à l’engagement.

Enard a-t-il eu raison de choisir cette construction ? Ce parti pris lui permet de déployer toutes les ressources de son art et de souffler au lecteur que l’homme aime détruire ce qu’il a créé comme pour retrouver l’ivresse de l’état de violence. Peut-être même qu’en chacun de nous cohabitent le soldat et le savant. C’est l’une des leçons de ce roman riche, complexe et hypnotisant

Etienne de Montety, LE FIGARO LITTÉRAIRE

Un déserteur, la fille d’un rescapé de Buchenwald face au 11 septembre … Dans Déserter, Mathias Enard entrecroise les destins et observe l’humanité aux prises avec la violence de l’Histoire.

Minh Tran Huy, MADAME FIGARO

L’Histoire n’a pas fini de rattraper l’humanité. Enard n’a pas renoncé à raconter sa barbarie. 

Grégoire Leménager, L'OBS

Enard entrecroise magistralement idéaux et tragédies du siècle passé avec les violences du présent.
Aller au-delà de tous les mensonges, découvrir les trahisons. Qu’est-ce que ce dur désir de durer dans les tempêtes d’un monde où les utopies meurent ? Ce défrichage d’une ambition démesurée trouve parfaitement sa mesure romanesque, dit toute la furie des hommes, la puissance de l’amour et la beauté de la nature. 

Valérie Marin la Meslée, LE POINT

Son nouvel ouvrage est éclatant.
On ne sait jamais où va nous mener un nouveau roman de Mathias Énard. Comme un djinn bienveillant, l’écrivain nous fait, chaque fois, découvrir mille et une histoires : il suffit d’entrer dans ses livres comme si l’on frottait une lampe magique pour voyager dans des mondes et des siècles différents.

Gilles Heuré, TÉLÉRAMA

J’ai été broyée par votre texte et vous avez réussi à me mettre dans la gorge, le goût amer de l’exil. Merci beaucoup. 

Annick Vermot, Librairie Zalactorée, à Martigny, en Suisse, FRANCE INTER - La Librairie francophone

Déserter fait partie des livres qui vous dépassent. De ces livres qui s’emparent de nous, qui nous emportent, qui nous bousculent. De ces livres qui sont tellement larges, tellement puissants, tellement forts, qu’on devient le jouet de notre lecture.

Déborah Danblon, Librairie Le Public, à Bruxelles, FRANCE INTER - La Librairie francophone

Votre livre est magistral. [...] Une intensité folle.
Époustouflant. 

Emmanuel Kherad, FRANCE INTER - La Librairie francophone

Deux récits s’entrecroisent, s’aimantent et nous magnétisent dans le nouveau roman de Mathias Enard, qui atteint la perfection du dire.
Sa prose, âpre et somptueuse, relève parfois du poème en prose.
Voguant de la musique secrète des mathématiques au mufle de la guerre, Mathias Enard ne cesse d’accoster la tragédie oppressive et infinie de l’Histoire, dont il souhaiterait que nous nous libérions.

Antoine Perraud, LA CROIX

Les deux narrateurs de ce subtil récit croisé, servi par un style époustouflant, se retrouveront aux prises avec les grands bouleversements politiques, idéologiques et culturels du XXe siècle. La maîtrise du récit, la force poétique de la langue, le rythme qui nous emporte au fil des pages font de ce livre un roman magistral. Une réflexion essentielle, aussi, sur ce que nous enseigne l’Histoire, la façon dont elle bouleverse nos vies et nos croyances, nos choix et notre destin. Au-delà de ces épreuves, ce livre est également une profonde histoire d’amour, comme une renaissance, un lien indéfectible avec la vie.

Muriel Sanson, librairie Les Volcans, LE 1 DES LIBRAIRES

II y a dans ce roman bref et bouleversant toutes les obsessions de Mathias Enard. 
Mathias Enard n'a pas peur d'être ambitieux, faisant entrer en résonance l'apparente simplicité biblique et brutale de son histoire de déserteur avec la sophistication intellectuelle, tout aussi traître dans ses retranchements, de ses chercheurs d'élite. La lumière – car, aussi âpre soit-elle, il y en a une – ne viendra pas forcément du côté que l'on croit.

Marie Chaudey, LA VIE

En vingt ans et plus d’une quinzaine de livres, Mathias Énard a bâti une œuvre où le souffle romanesque voisine avec un insatiable appétit de connaissance. Dans Déserter, l’auteur de Zone et de Boussole revient à ses obsessions : la guerre, la réflexion sur l’histoire, le rapport entre l’Europe et l’Orient.
Entre poésie et conjectures scientifiques, le romancier affronte le retour de la guerre sur le sol européen, questionne l’engagement et la fidélité dans un livre perturbant, dont l’écho n’en finit pas de résonner.

Sophie Joubert, L'HUMANITÉ

Mathias Enard signe le roman à la plus belle langue de la rentrée.
Un roman puissant sur la guerre, ses ravages, ses conséquences.

Oriane Jeancourt, TRANSFUGE