Lola est en colère. Contre ses parents qui se disputent sans cesse, contre les profs, contre ses amis, contre tous. Alors Lola fait la dure, cogne et finalement met les voiles. Dans sa fuite, elle trouve refuge par hasard auprès de Simone. Chez la vieille dame qui a pour seule compagnie les fantômes de ses souvenirs, le temps
s’est arrêté. Des liens de confiance se tissent lentement et Lola apprend à combler les trous de mémoire de Simone par de belles histoires. Surtout, elle fait l’apprentissage de la douceur, la voie dont elle avait besoin pour trouver l’apaisement.
INTERVIEW ANTOINE DOLE :
Votre roman «Ce qui ne nous tue pas» laisse la part belle à la tendresse, la douceur. Cette tonalité contraste avec la dureté de vos précédents romans. Comment expliquez-vous cette inflexion ? Celle-ci a-t-elle joué sur votre écriture ?
Suivre les romans d’un auteur, c’est un peu aussi suivre le cours de sa vie. J’ai longtemps considéré l’écriture comme une façon d’empoigner le monde autour de moi, parce que j’avais moi-même, au quotidien, trop besoin de comprendre ce qui m’entourait. Dans mes précédents textes, ma littérature est frontale, offensive, presque une arme. Jusque-là, je n’évitais pas forcément la matière tendre, mais je la contournais : j’avais peur qu’elle me rende trop vulnérable, que ce soit dans ma vie perso ou dans mes écrits. Il y avait une distance entre le monde et moi, un décalage. Il est toujours là, mais je ne le remplis plus de la même façon depuis que la douceur est entrée dans mon quotidien, petit à petit. Avec des naissances d’abord, puis en rencontrant l’amour ensuite, en écrivant pour les plus jeunes, aussi. J’ai découvert que la douceur n’est pas ce qui nous rend plus fragiles comme je le pensais, qu’elle ne nous met pas forcément en danger, mais que c’est précisément ce qui nous rend plus forts, ce qui nous donne les bonnes clés. C’est ce qui réconcilie les souvenirs, ce qui apaise le présent, ce qui laisse entrevoir les belles choses à venir. Le monde autour de nous est bien assez dur, autant cultiver le précieux au fond de soi. Je n’ai plus peur d’être fragile, et cela rejaillit forcément un peu sur ma façon d’écrire et d’appréhender l’écriture, d’appréhender la vie, tout court.
Le lien tissé dans le roman entre vos deux héroïnes, la jeune Lola, rebelle et désorientée et Simone, vieille dame perdue dans ses souvenirs, permet la rencontre de deux générations, deux âges de la vie. Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de travailler sur ce sujet ? Comment est apparue l’idée de ces deux personnages ?
Travailler sur la solitude et l’incommunicabilité entre les gens est une sorte de fil rouge dans mes romans. Je voulais écrire la rencontre de deux solitudes, trouver ce point de jonction, ce moment très bref, où les solitudes se croisent et où la rencontre, la vraie, se produit. Quand j’ai commencé à plancher sur ce roman, ma grand-mère était en fin de vie. C’était une situation étrange, découvrir cette femme qui avait toujours dirigé les choses perdre lentement le fil de sa vie, être isolée par la maladie. J’ai repensé à cette période de mon adolescence où je me sentais moi aussi isolé, pour d’autres raisons tout aussi intimes. C’est comme si le parcours de ma grand-mère se faisait à rebours du mien, une déconstruction de ma construction. Dans les deux cas, la douceur était “menaçante” : je pensais que la douceur m’enliserait dans ma solitude, que je combattais avec ma révolte, ma colère. Ma grand-mère pensait quel
janvier, 2014
13.50 x 21.50 cm
120 pages
ISBN : 978-2-330-02717-9
Prix indicatif : 11.90€
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Après de tonitruants débuts dans l'écriture, Antoine Dole n'assagit pas son écriture radicale ; il la tempère, la nuance et alterne au fil des chapitres voix intime et narration extérieure.
Une rencontre bouleversante, d'une infinie tendresse, entre deux inconnues qui s'accordent quelques instants de paix.
Une fois encore, Antoine Dole dessine un portrait poétique et violent de sa génération. Il n'en finit pas d'ausculter cette société où l'aliénation et l'isolement fusionnent mais où un sentiment est à lui seul, capable de déplacer des montagnes : la tendresse.
L'écriture sensible, elle aussi à fleur de peau d'Antoine Dole, tisse un récit complexe, à la structure forte de symboles…