Domaine français
Août, 2018 / 11,5 x 21,7 / 208 pages
ISBN 978-2-330-10935-6
prix indicatif : 19, 00€
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La Belle de Casa
In Koli Jean BOFANE
Avec sa lucidité acérée et son humour féroce, In Koli Jean Bofane dénonce la corruption immobilière, la précarité des migrants et la concupiscence masculine. Par son talent de conteur, son art du dialogue et des portraits, il bouscule joyeusement une réalité contemporaine tout à fait accablante – la truculence du désespoir.
« IL S’AGISSAIT D’EXAMINER UNE FÊLURE sur un récipient. Puis d’observer ce qui suinterait de celle-ci lorsqu’il y aurait pression. Une larme, du sang, un éclat de rire, un cri, une lumière… Les causes de la fêlure ne nous concernent pas, elles sont l’affaire du destin. Le lieu de l’expérimentation était crucial : les conditions y seraient poussées à l’extrême afin d’évaluer les capacités de résistance du contenant lorsqu’il tenterait de pallier ou de combler la faille imperceptible.
Il s’agissait de rester dans ce laboratoire du futur qu’est l’Afrique, Ifriqya. Là où le soleil a jadis été élevé au rang d’un dieu. Là où le xxie siècle s’impose de façon totalitaire, contraignant plus qu’ailleurs les individus aux lois coercitives de la globalisation. Il fallait un contexte où les humains restent suspendus à chaque battement de leur cœur, à chacune de leurs respirations. Il fallait la violence du Changement climatique quand il tente d’empêcher Chergui* de franchir le détroit de Gibraltar. La bataille majeure pour le passage en force se déroulerait au-dessus de la métropole de Casablanca, ou ad Dar Al Bayda’, et le tumulte ainsi généré concourrait à bouleverser les âmes et les corps, apportant sa contribution à notre expérimentation.
Les êtres, maintenant : la belle et farouche Ichrak, fille sans père affrontant les bourrasques en elle et dans le quartier de la vieille médina à Derb Taliane ; sa mère, Zahira ; Sese, jeune Congolais débarqué fraîchement au Maroc, et ses amis migrants, Sénégalais, Camerounais et autres, arrivés là en même temps que les tempêtes de sable, en même temps que les vagues bondissantes de l’océan Atlantique ; le taciturne commissaire Moktar Daoudi, le voyou Nordine Guerrouj, la redoutée Farida Azzouz, épouse d’un Ahmed Cherkaoui bien empressé… Tous sont soumis à l’épreuve paroxystique de la fêlure. »
J. B.