Sous-titre
Textes de prison
Ahmet Altan est romancier, essayiste et journaliste, il était aussi rédacteur en chef du quotidien «Taraf» jusqu’au 15 juillet 2016. À cette date, la Turquie s’en?amme, des milliers de personnes descendent dans la rue à Istanbul et à Ankara suite à une tentative de putsch. Le lendemain commence une vague d’arrestations parmi les fonctionnaires, les enseignants, l’armée et les journalistes. Ahmet Altan fait partie de ceux-là, il sera condamné à perpétuité, accusé d’avoir appelé au renversement du gouvernement de l’AKP. Ahmet Altan a 69 ans.
Ces textes sont écrits du fond de sa geôle. Poignants, remarquablement maîtrisés, ces allers-retours entre ré?exions, méditations et sensations expriment le quotidien du prisonnier mais ils disent aussi combien l’écriture est pour lui salvatrice. Tel un credo il s’en remet à son imagination, à la force des mots qui seule lui permet de survivre et de franchir les murs.
Un livre de résilience exemplaire.
[12 novembre 2019] Une semaine après sa libération de prison, l’écrivain et romancier turc Ahmet Altan a été de nouveau arrêté, mardi 12 novembre, sur une décision de justice.
septembre, 2019
10.00 x 19.00 cm
224 pages
ISBN : 978-2-330-12566-0
Prix indicatif : 19.50€
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Je ne reverrai plus le monde fait penser à Primo Levi pour sa lucidité, son style sans pathos, et au philosophe allemand Günther Anders pour cette énergie du désespoir qu’il trouve, paradoxalement, dans l’expérience de l’invivable.
Superbe récit, d’une dignité et d’une intelligence sans pareilles.
Certains auteurs nous deviennent si proches que leurs souvenirs se font une place parmi les nôtres. Leur force est de mettre en circulation des phrases qu’on n’oubliera pas.
Ahmet Altan tient la chronique d’une résistance mentale et intellectuelle qui lui permet de ne pas sombrer dans l’abattement et la peur, en parvenant à s’accrocher aux branches de son propre esprit.
Admirable, la douce ironie des textes de prison d’Ahmet Altan distille le meilleur de la littérature et de la vie.
Il raconte avec une force de caractère admirable comment, même en prison, il reste libre.
Le livre d’Ahmet Altan est un cri de désespoir et de dignité.
Pas une once de graisse dans ce texte passe-muraille, chaque mot semble avoir été pressé pour donner toute son essence, avec ce sens aigu de la valeur des choses que connaissent ceux qui ont failli tout perdre. L’autodé rision avoisine l’indignation, le désespoir se livre nu, l’humanité a la part belle. Et chaque souffle est un acte de résistance.
Un monde déchirant et ironique qui fournit à l’écrivain un autre moyen d’évasion encore : dehors, pour des lecteurs qu’il ne connaît pas, c’est lui qui fait, en la disant, la réalité de la réclusion qu’il subit.
Il va empoigner les cœurs, les âmes, les esprits et les corps, aussi, tant il donne à ressentir, profondément, deux expériences vitalement liées : l’enfermement et l’écriture. Et ne sera pas loué seulement pour le courage dont fait preuve son auteur, mais parce qu’il fera date dans la littérature. [...] Ce qui fait la force de ce texte de combat, c’est l’infini pouvoir de la littérature. Conduit jusqu’au bout de l’absurde par l’injustice des hommes, Altan reste un homme libre
S'y mêlent scènes et méditations, descriptions et dialogues - avec une lucidité admirable et un ton étonnamment mesuré. C'est qu'une sorte de sagesse, de conscience alerte et alertée, semble l'animer constamment.
Livre de résistance et de résilience est une déclaration. Entre observations, réflexions, sensations, puissance des mots, force de l’imaginaire. Un acte de liberté.
Il convoque les grands auteurs pour survivre, tout ce que les livres lui ont murmuré. Il voyage autour de sa cellule. Il observe. Il réfléchit. Il doute, parfois. Il raconte et c’est magnifique.
En explorant sa condition de prisonnier, l’écrivain et journaliste turc accède au sens profond de la liberté humaine.
En plus d’être un récit vertigineux d’une vie séquestrée derrière une porte de fer, Je ne reverrai plus le monde est une magnifique ode à l’écriture. La littérature est son armure, sa résistance face à ses geôliers.
Il y a des livres qu’on ne peut recenser comme les autres. On aurait envie de dire simplement: lisez-le, relisez-le, vous serez subjugués. [...] Son livre est d’abord un grand livre sur la liberté et la résistance de chaque homme face à l’injustice et à l’invivable. [...] Un livre qui est une leçon de liberté, de force intérieure.
Outre la précision du récit, chronologique, ce qui frappe le lecteur, c’est l’humour, l’autodérision dont l’écrivain fait preuve en permanence.
Ce qui nous fait éprouver physiquement la détention sans raison ni justice qu’il subit tous les jours depuis trois ans, ce sont des choses d’apparence plus anodine, des gestes dont nous savions même pas qu’ils étaient des privilèges. Ainsi, lorsque Ahmet Altan écrit Je n’ouvrirai plus jamais une porte moi-même, nous restons incrédules, avant que cette phrase toute simple ne nous fasse empoigner la sensation charnelle de notre propre liberté.