Entre l’assassinat de Jaurès et la guerre d’Espagne, entre la grande Histoire et les vies minuscules, comment s’écrit et se détricote la légende des héros ambigus. «Et pourtant ils existent »reconstruit patiemment et non sans malice les exploits questionnables de Florentin Bordes, soldat têtu de la liberté, totem de sa propre famille, au cœur d’un tourbillon romanesque où les voix se répondent, se poursuivent, se contredisent pour démêler équivoques du réel, vérités improbables et infaillibles hypothèses de la fiction. Thierry Froger signe un roman fête foraine dont chaque attraction serait un point de bascule du XXe siècle. Grisant.
août, 2021
11.50 x 21.70 cm
336 pages
ISBN : 978-2-330-15435-6
Prix indicatif : 21.00€
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Thierry Froger écrit dans les zones blanches de l’Histoire. Les lecteurs de ses précédents romans, (…), connaissent son talent pour brouiller les frontières entre le vrai et le faux, pour entrelacer avec brio des fils qui n’auraient jamais dû se croiser C’est l’entreprise qu’il poursuit dans ce roman-puzzle où de multiples voix se font écho pour reconstituer le passé trouble de Florentin Bordes, questionner l’héroïsme, l’engagement politique, la fidélité aux idéaux de jeunesse. (…). Entre Madrid et l’Ariège, berceau de la famille d’Ariane, entre Pile de Chalonnes, sur la Loire, et celle d’Ibiza, Thierry Froger compose un subtil jeu de correspondances, un archipel de voix et de figures qui traversent le XXe siècle comme dans un rêve, une étrange photographie où les vivants cohabitent avec les fantômes.
Ils sont des grandes figures, des héros ou se voudraient comme tels. Thierry Froger réanime les légendes et montre leur face cachée grâce à une habile construction narrative. (…). Un roman habile, foisonnant et passionnant.
On a donc affaire à un récidiviste de l’invention loufoque et de la réflexion sérieuse, mais surtout à un virtuose du shaker mêlant les personnes historiques les plus authentiques à ses fantasmes et à ses clones récurrents en pimentant le tout de détours improbables.
Il faut lire Thierry Froger.
En multipliant les chapitres courts portés par autant de voix dissonantes mais complémentaires, il esquisse le portrait croisé d’un anar ambigu et de l'assassin de Jaurès, dans un charivari carnavalesque très stimulant.
Voici un roman qui sent le feu, la poudre et le sang. Une polyphonie de voix blessées ou exaltées, porteuses de rêves éteints ou qui brûlent encore. (…). Les voix se croisent et dressent peu à peu le portrait d’un siècle de trahisons, de rêves avortés, de héros rendus à l’éternité. Et pose la question de l’héritage, autant celui qu’on a reçu que celui qu’on laissera.
Ce roman choral joue à saute-mouton entre les époques et donne la parole (souvent intérieure) à plus de 40 personnages, dont Jaurès et Buonaventura Durruti. Cette étourdissante saga, (…), devient rapidement vertigineuse et captivante.
(…) un roman aussi étonnant que passionnant qu’il faut lire avec l’obligation de faire confiance à l’auteur, tant le jeu de miroirs qu’il élabore est subtil.
L’anarchie en tant qu'idéal est un sentiment fugace, et ce n’est pas le moindre talent de Thierry Froger que de faire toucher du doigt au lecteur cette fugacité, laquelle confinerait même à l'immatériel si l’on en croit le titre de son troisième roman, (…). Ne cherchez plus les anarchistes, leur idéal est partout ! Et surtout dans le roman de Thierry Froger.
Nous sommes loin des pesants biopics et des biographies officielles. Thierry Froger procède avec ingéniosité et humour. Il s’insinue dans les zones d’ombre, éclaire des chemins méconnus, recoupe des parallèles. Il peut tordre les faits mais ne se targue pas de délivrer une quelconque vérité à leur propos. Au contraire, s’il réinvente l’histoire, petite ou grande, c’est davantage pour poser des questions que pour donner des réponses.
Et pourtant ils existent atteste des pouvoirs de la littérature à questionner le rôle des individus dans le tourbillon de l’Histoire.
Thierry Froger est un écrivain à suivre dans les volutes de son imaginaire.
Et si les petites histoires rejoignent la grande, c’est pour mieux mettre en exergue les impacts que peut avoir le geste d’un homme insignifiant, et comment le passé peut être mis en scène pour conforter nos certitudes. Et à quel point une remise en question peut être difficile, voire inacceptable.
Du début du XXe siècle jusqu’aux « gilets jaunes », entre Ibiza, Madrid, Paris, l’Ariège et les bords de Loire, cette fresque percutante promène le lecteur entre le réel et son écho imaginaire. S’y inscrivent les frottements de parcours de personnages en quête d’auteur, voire de destin, puisque, selon la formulation joliment polysémique de Florentin, il s’agit « chaque jour d’inventer notre propre vie ». Comme l’assassin de Jaurès ?
Les époques se mêlent, Thierry Froger construit son roman par cercles concentriques, manière de reproduire l'impact imprévisible, et parfois imperceptible, de certains événements qui, telles des gouttes d'eau, perturbent la surface lisse. Et on se laisse ainsi gagner par la musique et la magie d'une écriture faite essentiellement d'échos.
On connaît le goût de Thierry Froger pour les aventuriers des avant-gardes, les révolutionnaires ; on sait aussi son plaisir d’auteur à réinventer l’Histoire, n’hésitant pas, on s’en souvient, à exiler Danton au bord de la Loire. Dès lors, qu’en est-il dans ce troisième et fort réussi roman où se croisent Jean Jaurès, Walter Benjamin, Léon Blum et des personnages inventés ? Qu’est-ce qui est vrai, et ne l’est pas ? Qu’importe, puisque, comme il est dit ici, « tous les bons livres sont pareils. Ils sont plus vrais qu’aurait pu l’être la réalité. »
Le roman nous embarque dans un tourbillon qu’on ne veut pas quitter. Il résonne longtemps…
Thierry Froger poursuit une oeuvre à la croisée de l'Histoire et de la fiction.
Composé de chapitres courts, ce roman kaléidoscopique livre une réflexion sur les îles d'utopie, l'engagement, la frontière floue entre le vrai et le faux.