Ismaël est à jamais hanté par le premier amour et les grandes violences qui nous font basculer dans l’histoire, ces nuits qui nous réveillent et nous poursuivent, ces événements qui nous sidèrent.
Rencontrée au lycée, Réa, solaire et mystérieuse, est l’astre magnétique de son ciel. Il la suit à Paris, la grande ville les absorbe et les révèle – l’un à l’autre, à eux-mêmes. Le temps passe et use le miracle, l’émerveillement, la jeunesse, même. Les chemins s’écartent. Comment s’inventer une fois perdues les premières illusions ?
Sans Réa, Ismaël tente de s’arrimer aux balises de la vie d’homme, à l’ici et maintenant. Professeur d’histoire- géographie, mari, bientôt père, et même propriétaire d’une maison à bâtir. En chantier. Jusqu’à ce que, saisi par les résonances de novembre 2015, à son tour il s’éclipse.
Fresque bousculée de notre temps présent – ce fleuve furieux irrigué du passé qu’il ignore, "Provinces de la nuit" est tout à la fois récit d’une éducation sentimentale et politique, refus du deuil de nos élans et plaidoyer pour la liberté grande et la rencontre vraie.
« À la façon de ces rares événements dont on dit qu’ils bouleversent tout, le cours des choses et notre intimité, les attentats du 13 novembre 2015 m’ont plongé dans une longue, dans une profonde nuit. Nuit de paralysie, nuit effrayante des croyances et convictions, nuit d’errance et de grande magie, également : cette obscurité ne me fut pas seulement un temps, une épreuve à passer, mais aussi un lieu d’entre-deux où pouvaient se rencontrer des apparitions, les fantômes de l’histoire ou de mon propre passé, où les scrupules, le doute multipliaient les voies sans issue ; où, sans autre guide que le besoin des autres et de l’art, le chemin à suivre n’était plus tracé.
J’ai appelé ces contrées intérieures : provinces de la nuit.
Les parcourant une nouvelle fois, tentant d’en dessiner les contours pour faire le récit de ma traversée, je me suis aperçu que j’avais été le prisonnier de ce territoire pendant près de vingt ans. Aussi ai-je fait remonter les débuts de ma nuit à ces instants plus décisifs, de l’amour qui naît et de l’amour qui finit, quand on a vingt ans – ce premier attachement dont l’ombre ou la lumière s’étendent sur toute la vie.
Réa Nuri et Ismaël Tir sont les dépositaires de cette minuscule odyssée : il ne peut s’agir de personnages imaginaires, puisque je les ai vus de mes yeux, lueurs sur la route, marcher à notre rencontre. »
Loïc Merle
août, 2023
14.50 x 24.00 cm
336 pages
ISBN : 978-2-330-18242-7
Prix indicatif : 22.90€
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Hantée par le souvenir d’un premier amour, la vie d’Ismaël Tir s’élargit à une autobiographie de notre monde où rôde le spectre des attentats et des guerres, mais aussi, dans les recoins de la ville, provinciale ou capitale, de certaines utopies politiques - dont celle de la Commune de Paris ou, plus inattendue, celle du foot comme bien commun. Une déferlante de haute littérature qui, changeant sans cesse de genre, de sexe et d’époque, bouscule nos angoisses ordinaires et célèbre la liberté d’être dérangée.
Provinces de la nuit est comme un roman d’apprentissage amoureux et politique à la fois, entre drames collectifs et tragédies intimes, tout aussi dévastateurs les uns que les autres dans leur violence concentrée. Pour son quatrième roman, Loïc Merle fait toujours œuvre d’un style foisonnant et d’une grande fluidité et impressionne par sa manière de mêler l’universel au très particulier.
Un ouvrage que l’on peut lire comme une ode à la jeunesse perdue aussi bien qu’une éducation sentimentale et politique. Le héros de Loïc Merle revient en effet sur sa première histoire d’amour, mais aussi sur la poignante rupture qui en découla. C’est un peu le fil rouge – incandescent – de ce long récit conduit par une écriture fluide, à la fois précise et porteuse d’images foisonnantes. […] Mais aussi d’une époque et de lieux particuliers. […] On est saisi par l’art de la narration de Loïc Merle, capable de décrire les tragédies collectives aussi bien que les chagrins intimes, personnels. Avec, parfois, un étonnant sens de la dérision, comme lorsqu’il dépeint son héros obsédé par l’idée de devenir propriétaire et de construire sa maison.
Le roman d’un premier amour décrit avec un détail et une psychologie vraiment remarquables. Parallèlement à cette éducation sentimentale, il y a une éducation politique, sociétale. C’est très bien écrit, un très beau roman que je recommande.
Son écriture est forte, émouvante et nourrit l’un des meilleurs romans de la rentrée littéraire.
Ce livre n’a rien d’une saga ou d’une fresque romanesque au sens où on l’entend communément. […] L’énergie qui émane [de Provinces de la nuit] tranche avec les confections habiles et calibrées du roman courant. D’où le plaisir du texte qu’il suscite.
Provinces de la nuit est un lieu d’accueil plus grand que sa surface apparente, une géométrie dans l’espace. « Détective de lui-même », Ismaël devient celui des autres pour traverser ce chemin à travers le chaos. De ce collage disparate émerge un sens qui ne tient pas aux événements, mais à leur conjonction : une forme informe se dégage de l’illisibilité des faits, pour recoudre, autant que faire se peut, notre humanité exsangue.
Follement ambitieux, en tout point maîtrisé, le nouveau Loïc Merle appelle un seul qualificatif : puissant.