Jeanne sait que des centaines de milliers d’amateurs de vidéos pornos jouissent de voir son corps livré à des étreintes brutales et à des plaisirs qu’elle feint résolument durant d’odieux tournages. Tout ce qu’exige son métier d’actrice, elle le subit en professionnelle et l’accomplit en toute liberté. Pour autant que la cocaïne la préserve d’en vomir l’abjection.
Loin d’elle – ils ne se connaissent pas encore –, Nathan donne quelques cours sur le cinéma américain, poursuit une improbable thèse, et se drogue jour après jour pour supporter l’inutilité de son existence. Or voici qu’advient leur rencontre, éblouissante, dans un jardin singulier, les plongeant dans la douceur de vivre. Pour toujours, assurément. Si toute la violence du monde d’avant ne vient pas les rattraper.
Tour à tour cru, onirique, romantique, tragique, "Le Roman de Jeanne et Nathan" déploie toute l’étendue des addictions par lesquelles notre époque travestit sa propre réalité, se sature de ses propres images, s’y projette, s’y observe, se nourrit d’illusions, perceptions, vibrations, sensations hors desquelles nul
enchantement ne viendrait plus nous satisfaire.
À moins que le ravissement de l’amour – le philtre éternellement magique de Tristan et Iseult – n’ensorcelle pour de bon, jusqu’à l’événement ultime, les héros de ce premier roman si audacieusement lucide.
« Dès mes plus jeunes années, j’en avais l’intention. Ça se présentait sous forme de nouvelles, de plans de romans jamais écrits, de bandes dessinées très violentes, de nombreux films amateurs, de pièces de théâtre. J’étais solitaire, je vivais dans mes fictions. Aujourd’hui, j’ai envie que mes fictions vivent. Je voue un culte absolu à la fiction. Perpétuer ce culte est bien ma plus grande intention.
Pendant tout le collège, ma chambre était transformée en vidéo-club, je n’ai jamais eu de clients. Le cinéma donc : j’y ai consacré une grande partie de mes études et la moitié d’une thèse jamais terminée.
Je me suis aussi intéressé de près à la création théâtrale ; y participant sous de nombreux aspects, c’est devenu mon activité principale. Plus particulièrement la traduction de Shakespeare, auteur auquel je voue une passion. Passion pour l’oeuvre-monde, les dialogues, les ruptures des registres de langue, la précision de l’expression (tout le temps : la tentative du mot juste), l’art de la rupture, le flottement de la chronologie, l’irrévérence et l’incohérence, la pensée noble mêlée aux crasses besognes, la distanciation, la réussite d’un art si exigeant et si populaire à la fois, si universel et si intime, si tragique et si comique, si cruel et si tendre. Tout ça pour dire qu’avec Steven Spielberg, il est ma plus grande source d’inspiration. Voilà pour ce qui est de la forme.
Pour ce qui est du fond : c’est en 2019 que je décide de sauter le pas de l’écriture romanesque. Parce qu’il me semblait autant nécessaire à moi qu’à la société dans laquelle je vis, le thème du roman fut comme une évidence : la mutation contemporaine de la société de consommation vers la société de l’addiction. Rapidement, j’ai trouvé les personnages les plus à même de l’incarner : une actrice pornographique et un universitaire. Puis m’est apparue la métaphore suprême de l’addiction : la drogue. Et, enfin, le remède incomplet : l’amour. »
Clément Camar-Mercier
août, 2023
14.50 x 24.00 cm
352 pages
ISBN : 978-2-330-18210-6
Prix indicatif : 22.50€
Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique
Le Roman de Jeanne et Nathan donne l’impression de lire L’Écume des jours à l’envers. Au début règne le glauque et la souffrance, puis l’amour arrive et la lumière s’allume. On pense beaucoup à Boris Vian en lisant cette tragédie en trois actes (la dernière partie est un brutal retour à la réalité). Le livre se déploie en pétales étranges et luxuriants. En leur cœur, un poison toxique. La sève de notre époque malade, circulant dans ces pages comme un barbiturique.
Le Roman de Jeanne et Nathan excède leur rencontre et leur amour, il se glisse dans bon nombre d’interstices imprévus, sans doute parce qu’on y sent, comme dans un premier roman, une envie débordante de tout mettre.
Un grand roman d’amour moderne, politique... Une danse furieuse, pleine de stupre, de poudre, de grâces et de damnations.
Cette histoire romantique est également celle des addictions, des maux de notre époque.
Un précipité éclairant sur sa génération et l’époque actuelle.
Un fable contemporaine autour de l’addiction.
Le livre pointe les effets néfastes de la consommation de la pornographie.
Un livre prenant qui fait réfléchir sur notre époque.
Le Roman de Jeanne et Nathan, c’est Roméo et Juliette réécrit par un fan de Scorsese qui est aussi traducteur de Shakespeare.
À chaque page, ce roman électrique est un festival de mots d’esprit, gages d’un talent exceptionnel. C’est quoi, un premier roman réussi ? C’est quand on se dit « waouh » à chaque chapitre et qu’on se met à retenir le nom de Camar-Mercier.
Un roman très ambitieux, très drôle, un grand livre d’amour et trash, il y a tout pour plaire.
Clément Camar-Mercier signe le premier roman français le plus abouti de cette rentrée : Le Roman de Jeanne et Nathan. Entre drogue, porno et Wagner.
C’est bien parce qu’ils surgissent d’une fiction à la réalité augmentée que ces Héloïse et Abélard défoncés que sont Jeanne et Nathan vont s’imposer dans cette rentrée littéraire et au-delà. Clément Camar-Mercier a écrit le roman générationnel de ces jeunes adultes ayant payé dans leur chair l’addiction au porno comme à la drogue, qui ont été confinés au désespoir, qui ont rêvé d’indépendance et d’un « monde d’après » durant cette séquence de sevrage social loin des « rouages nécrosés de la consommation » ; puis qui sont retombés dans la dépendance avec l’idée que « la drogue du futur n’est pas celle qui nous permettra de fuir la réalité, mais celle qui réussira à nous redonner l’envie d’y vivre ». Grand livre.
Un très grand livre, un premier roman extrêmement réussi.
C'est un roman implaçable sur la glissière du « j'aime » - « je n'aime pas ». C'est un roman qui marque, surtout, positivement, parce qu'on s'attache à ses personnages en voie de perdition : deux drogués... deux drogués hantés, spectraux et cyniques, dont les destins tragiques vont converger. Mais c'est un livre qui laisse d'autres goûts : ceux de la tristesse, de l'amertume, du dégoût, parfois. Ce livre porte un beau titre : Le Roman de Jeanne et de Nathan.
Dans ce roman totalement addictif (sans jeu de mots), l’auteur entremêle pensées et vibrations d’un monde que Shakespeare et Genet n’auraient pas renié.
Une apothéose.
C’est le grand roman de la rentrée.
Débute alors une danse, furieuse et sublime, entre Éros et Thanatos. Drame social au vitriol, Le Roman de Jeanne et Nathan est aussi la complainte douloureuse et poétique d’une génération désenchantée.
Il faut beaucoup de talent et de savoir-faire pour garder son lecteur avec tant de changements de rythme. L’auteur y parvient, l’air de presque rien, et même souriant tel un funambule, pourrait-on dire, tant une distance malicieuse s’invite dans la lecture du livre, comme si on était au théâtre.
À dessein, ce premier roman sonne merveilleusement faux, juste assez pour soustraire le lecteur à un pathos un peu trop facile : juste assez faux pour être parfaitement juste, en somme.
La contemporanéité excessive des sujets se mêlent aux codes et à la structure des tragédies antiques pour faire de ce roman un grand moment d’amour qui rappellera les plus tristement célèbres couples de la littérature, en saupoudrant le tout d’irrévérence, d’humour noir et de cynisme.
Dans la course annuelle organisée pour la rentrée littéraire, les « primo-romanciers » se distinguent généralement en deux catégories : il y a les petits poneys, formés à Sciences Po, dressés en atelier d’écriture, qui nous invitent à faire un tour du Luxembourg à dada sur leur dos, et il y a les chevaux sauvages qui nous jettent à terre dès le premier galop. Clément Camar-Mercier appartient à cette écurie d’indomptés qui ruent dans les brancards pour mieux nous traîner dans la poussière, dans la boue, sur le bitume. Chevauchée trash, Le Roman de Jeanne et Nathan n’épargne jamais le lecteur : trop de sexe, trop de drogue, trop de violence, trop de passion. Ce premier opus déborde en permanence.