Gaspard, un berger pyrénéen, s’apprête à remonter en estive avec ses brebis, hanté par l’accident tragique survenu la saison précédente. Dans le même temps, Alma, une jeune éthologue, rejoint le Centre national pour la biodiversité, avec le projet d’étudier le comportement des ours et d’élaborer des réponses adaptées à la prédation.
Sur les hauteurs, les deux trentenaires se croisent de loin en loin, totalement dévoués à leurs missions respectives. Mais bientôt les attaques d’une ourse les confrontent à leurs failles. Les audaces de la bête ravivent les peurs archaïques, révélant la crise du pastoralisme et cristallisant des visions irréconciliables de la montagne : elle devient l’ennemie à abattre.
Dans cette vallée où jadis le dressage des ours était une tradition, la réintroduction du plantigrade exacerbe les tensions. L’histoire de Jules, jeune saltimbanque parti faire fortune à New York avec son animal, à l’orée du ˜˜e siècle, scande le récit principal et résonne puissamment avec le présent.
Interrogeant notre rapport au sauvage, Clara Arnaud offre une plongée saisissante, minutieusement documentée, dans la vie pastorale moderne. Elle signe un roman sensuel, immersif et tellurique, célébrant la beauté de la montagne sans taire sa violence.
« Quelques ours ont traversé ma vie. Celui qui détala devant moi un jour d’août 2006, au Kirghizistan. Ceux peuplant les histoires des vieux bergers du Caucase. Ceux d’Ariège, où après des années loin de la France, j’installai mon camp de base dans une vieille maison de pierres en altitude. Et puis ceux de la littérature américaine, des récits de voyage en Sibérie. Leur point commun ? Ils incarnaient le sauvage, radicalement, tout en étant nos doubles.
Alors cette figure, depuis un moment, me hantait. Et puis une question revenait : où est le sauvage ? Moi qui l’avais arpenté durant quinze ans, du Tibet aux replis enforestés d’Amérique centrale, pouvais-je le trouver en France ? Existait-il encore des montagnes qui aient résisté à la domestication ? J’ai voulu écrire et projeter ici un roman de grands espaces, de destins ballottés par la roche et le ciel, de bêtes et d’hommes fondus à leur milieu.
Et ainsi, peut-être, espérais-je, décaler le regard sur la montagne, une montagne qui ne serait plus un graal à conquérir, comme nous la raconte la littérature d’alpinisme, pas un ennemi à vaincre ou un terrain de jeu, non plus un univers bucolique, mais un écosystème complet, une puissance vivante, vibrante, un espace métaphorique, où la liberté se renégocie chaque jour.
Durant trois saisons, depuis les estives des hautes vallées d’Ariège, j’ai coulé mes pas dans ceux des naturalistes suivant la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées, j’ai côtoyé les bergères et les bergers, écrit un roman au tempo des aléas météorologiques et des humeurs que m’inspirait la montagne. J’ai nourri la fiction de chaque minuscule inflexion du réel, réconciliant l’écriture du voyage et celle romanesque.
Je me suis replongée dans les archives, cherchant dans les destins des montreurs d’ours d’Ariège de la fin du XIXe siècle des échos avec notre époque, tout en tentant de saisir la complexité du retour sur un territoire d’un grand fauve, qui bouleverse les rapports de force et met à mal les fragiles équilibres du pastoralisme. J’ai voulu que, dans ce texte, le politique et le poétique se répondent, raconter une vallée, trois saisons, les pieds ancrés dans le sol, sans renier la dimension mystique de notre rapport aux montagnes, leur caractère transcendantal. »
Clara Arnaud
août, 2023
11.50 x 21.70 cm
384 pages
ISBN : 978-2-330-18225-0
Prix indicatif : 22.50€
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Un roman où l’on parle de communion avec la nature, d’existences liées aux bêtes. L’autrice nous livre un récit où c’est la beauté du sauvage et l’ivresse des montagnes qui vous emportent en altitude.
Clara Arnaud accomplit plus qu’un examen érudit et poétique de nos rapports au vivant. Elle explore notre relation à l’altérité, à l’endroit où entrent en collision nos besoins de sécurité et de liberté.
Dans ce récit en tension permanente hanté par « la possibilité de la chute » et de la mort, la lumière vient du personnage d’Alma, la jeune éthologue du Centre national de la biodiversité, passionnée, entêtée, infatigable passeuse du langage des ours et d’une montagne dont la beauté tragique recèle aussi un message d’espoir.
Une épopée qui renouvelle avec brio le genre de la littérature de montagne où même la nature, selon les aléas de la météo et des saisons, a son mot à dire !
Un récit immersif dans une vallée des Pyrénées, où la réintroduction des ours cristallise les tensions et des visions irréconciliables de la montagne, entre bergers et scientifiques.
Clara Arnaud offre un regard pertinent et acéré autant qu’elle emmène le lecteur sentir la mousse dans les forêts fragiles et violentes de ces montagnes.
L’autrice de ce roman, dont on devine qu’elle a arpenté longuement les montagnes d’Ariège, évoque avec précision et clairvoyance la question de la présence de l’ours dans les Pyrénées. Une belle surprise qui remet l’humain dans la nature et la nature au cœur de tout.
[Gaspard, berger et Alma, éthologue] vont se rapprocher à mesure que les attaques se multiplient. Dans cet épineux dossier, qui a raison qui a tort ?
Un ouvrage passionnant.
Clara Arnaud signe un roman puissant, pétri d’émotions brutes, d’éclaircies sublimes et de ces minuscules détails par lesquels éclot la puissance du réel. Le tout dans un magistral opéra de beauté.
Un titre sublime pour un roman qui l’est tout autant. […] Clara Arnaud nous immerge dans cette montagne et ce monde sauvage et violent que peu de gens connaissent. [...] Un très beau roman.
La merveilleuse langue de Clara Arnaud m’a piégée d’entrée de jeu.
Clara Arnaud est d’évidence une romancière généreuse, capable de vous amener au plus près des émotions traversant ses personnages, comme des luttes qu'ils mènent vaille que vaille. […] un livre intense qui vous attrape, vous secoue et vous questionne. Un antidote parfait à la frénésie contemporaine.
Si j’osais je dirais que c’est un thriller pyrénéen. Il est en effet habité par un véritable suspense qui nous tient en haleine jusqu’à ses dernières lignes. […] Clara Arnaud sait enfin nous prendre par la main pour nous montrer, dans l’immobilité d’une nuit sans Lune, combien le métier de berger peut être difficile, éprouvant, parfois désespérant. Elle sait aussi nous faire caresser la douceur de la peau de la grande ourse noire.
Ce livre offre une plongée saisissante, minutieusement documentée, dans la vie pastorale moderne.
Une ode à la nature et à la coexistence.
En parcourant les montagnes et en partageant le quotidien de ceux qui y vivent, Clara Arnaud en a tiré Et vous passerez comme des vents fous, un roman éblouissant et captivant. S’y mêlent écriture organique, beauté des versants balayés par la sécheresse ou les orages, et tension dramatique entre une ourse, une scientifique et des bergers en estive.
Un roman magistral. […] Une écriture puissante, ample et généreuse.
Clara Arnaud nous conte la nature dans toute sa splendeur et sa sauvagerie, l'amour, les liens qui unissent les hommes et les animaux dans un environnement où leur cohabitation nécessite respect et humilité. L'autrice met au service d'une écriture délicate et juste son expérience de la nature et de l'aventure. Elle propose un roman qui nous replace à notre juste position d'être humain dans un écosystème global.
Le changement d’échelle des troupeaux sous la pression des politiques agricoles, l’opposition entre citadins et montagnards, la difficile et pourtant indispensable transmission, les conséquences du réchauffement climatique, l’insoumission : de même que l’aspect politique ne cesse de se mélanger au poétique, l’ambivalence est omniprésente dans Et vous passerez comme des vents fous, dans les personnages comme dans les situations. Des personnages auxquels on s’attache, une immersion captivante, un propos jamais angélique : Clara Arnaud évolue avec hardiesse et sans fard.
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