Au coeur de ce livre, le destin de l’un des plus anciens bidonvilles de Casablanca. Alors que les autorités au pouvoir veulent reloger les habitants à des kilomètres du centre-ville, l’avenir d’un couple de la classe aisée – un jeune architecte et sa femme historienne – se trouve fragilisé. Les enjeux politiques et financiers de cette affaire les opposent profondément, malmènent leurs convictions, agitent sous leurs yeux passionnés la pieuvre de l’urbanisme, la violence de la mondialisation et les revers du carriérisme.
Sous le signe de cette ville où beauté et misère s’entrelacent, Yasmine Chami poursuit avec une implacable lucidité le portrait du masculin et du virilisme sociétal, qu’elle éclaire avec subtilité et empathie. À cela, elle ajoute ici une remise en question des pouvoirs en place dans son pays.
La voix forte et rigoureuse de Yasmine Chami – d’autant plus singulière par la douceur et l’esthétique dont elle imprègne son territoire d’observation –, son amour pour le Maroc, conjugué à celui qu’elle nourrit pour la France, l’intelligence des conséquences qu’elle tire de l’histoire de ces deux pays comme de leur situation présente et sa posture d’anthropologue toujours enrichie d’expériences, font de ses romans des objets uniques parmi les écrits féministes d’aujourd’hui.
« Écrire ce livre… Son titre m’a accompagnée durant plus de vingt-cinq ans… Dire cette ville monde, Casablanca, ses envers et ses endroits, les lieux où elle déborde les frontières assignées, toujours, celles des colons, celles des nantis, celles des affairistes, et celles des femmes et des hommes de bonne volonté. Casablanca est le personnage principal de ce roman, parce qu’elle y est davantage qu’une ville, elle est une matrice puissante où fermentent et germent toutes celles qu’elle contient, fait advenir ou disparaître dans un mouvement de marées aussi irrésistible que l’océan qui ne la limite pas. Entre le karyane El Bahriyine – ce bidonville accroché en haut de la falaise non loin du mythique phare El Hank où sont installés des familles, fétus de cette humanité vulnérable et fraternelle, en lutte dans une précarité qui organise une reconnaissance des ressources, une lecture du monde – et le prestigieux quartier d’Anfa, la colline où de luxueuses demeures abritent les ambivalences de Casablancais d’une autre société mais aussi d’une autre ville : ce sont toutes les contradictions de la cité que ce texte explore, entre prédation et solidarité, violence et humanité, avidité et partage.
Dire aussi le retour chez soi d’un couple au sud du monde après des années de formation en Occident, la confrontation inévitable des modèles, l’effritement des illusions, la révélation des contradictions et des schismes à l’aune de la réalité vécue, les lignes de faille qui organisent les constructions du masculin et du féminin. Donner voix à ce qui s’écrit autrement, dans un enchâssement des récits, organiser au cœur du texte la gestation d’une autre perspective à travers les cahiers de grossesse de May.
Casablanca Circus est un chant d’amour à ceux qui résistent car, toujours, à l’horizon des enjeux et des projections, s’impose cette humanité brouillonne et agile, vulnérable et généreuse, vivante, qui est le cœur battant du monde. »
Yasmine Chami
août, 2023
11.50 x 21.70 cm
208 pages
ISBN : 978-2-330-18228-1
Prix indicatif : 20.00€
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Harmonieusement échafaudé, le roman dévoile en parallèle la « matrice rugueuse » de Casablanca à la faveur d’aperçus d’un lyrisme sobre, juste et émouvant qui rappelle Albert Camus.
Précis et subtil, ce roman est absolument magnifique.
Casablanca est une ville-monde que la romancière Yasmine Chami voulait, depuis plus de 20 ans, saisir (ce qu'elle fait comme personne avant elle).
La lente déconstruction d'un couple inexorablement dévoré par ses divergences, sous la plume soyeuse de Yasmine Chami.
Alors que le Maroc vient de subir un tremblement de terre d'une violence sans nom, le nouveau roman de Yasmine Chami nous offre un clair-obscur sur les déséquilibres et les paradoxes de la société marocaine.
Ouvrage engagé pour les femmes, pour les démunis, Casablanca Circus bouscule et remue par la force des destins invisibles qui illustrent ce grand roman humaniste.
Un magnifique portrait de femme coupée en deux, comme la ville.
L’écrivaine de Dans sa chair propose cette fois un livre plus engagé en plaçant, en personnage central, une ville abîmée par ses inégalités sociales et ses difficultés politiques.
Dans son journal de grossesse, May prend à témoin de ses angoisses Selma, sa fille qui va bientôt venir au monde. De son côté, Chérif, trouvant là une belle chance de faire fortune, assure que les taudis seront remplacés par des appartements confortables, avec eau et électricité. May est accablée. Au sein de ce jeune couple, deux philosophies s’affrontent...
Cet espoir irrigue ce beau roman sobre et émouvant, d’une exactitude presque minérale. La capitale économique du Maroc est emblématique de l’emprise du libéralisme sur les quartiers historiques, assortie de la relégation des populations défavorisées à des périphéries sordides. C’est dire la portée de la réflexion de Yasmine Chami qui dénonce éloquemment la redoutable escalade de compromissions sur laquelle se fonde l’expansion urbanistique.
C’est l’histoire d’un couple déchiré par une ville, violente et fraternelle, et par ses enjeux économiques : le passionnant roman de l’écrivaine franco-marocaine, Casablanca Circus, raconte la résistance des plus vulnérables face à la prédation financière.
D'une plume gracile et sensible, l’autrice s'attaque au patriarcat, et l’on suit la lutte de pouvoir entre les deux personnages avec passion, sous le soleil cruel du Sud. Un chant d’amour envoûtant à ceux qui résistent.
De sa plume sensible, l’auteure s’attaque au patriarcat... sous le soleil du Sud.
- [Interview] La Croix, Marianne Meunier
- [Podcast] France Inter, Une semaine en France, Claire Servajean
- [Podcast] France Inter, Le téléphone sonne, Claire Servajean
- [Podcast] TV5 Monde, Maghreb-Orient Express, Mohamed Kaci
- [Podcast] RFi, Orient Hebdo, Eric Bataillon
- [Podcast] RCF, Au pied de la lettre, Christophe Henning