C’est avec le talent d’un imagier que George Steiner aborde son sujet de manière inattendue : “Les cafés font l'Europe, écrit-il. Ils vont de l'établissement préféré de Pessoa à Lisbonne aux cafés d'Odessa, hantés par les gangsters d'Isaac Babel. Ils s'étirent des cafés de Copenhague, devant lesquels passait Kierkegaard pendant ses promenades méditatives, aux comptoirs de Palerme. (…) Dessinez la carte des cafés, vous obtiendrez l'un des jalons essentiels de la notion d'Europe.”
Ce texte bref et vibrant est constitué par un foisonnement d’idées et de métaphores et l’on comprend qu’il doit sa vigueur au fait qu’il a été écrit pour être prononcé. “L'Europe, écrit aussi Steiner, a été, et est encore parcourue à pied. C'est capital. La cartographie de l'Europe est née des capacités pédestres, des horizons accessibles à des jambes. Hommes et femmes y ont tracé leurs cartes en marchant d'un hameau à l'autre, d'un village à l'autre, d'une ville à l'autre.”
Vers la fin, Steiner ajoute : “La dignité de l'«homo sapiens», c'est (…) la découverte de la sagesse, la quête d'un savoir désintéressé, la création de beauté. Gagner de l'argent et inonder nos vies de biens matériels de plus en plus dénués d'intérêt est une passion profondément vulgaire, dévastatrice.”
Un plaidoyer à lire au moment où l’on parle de l’Europe à tort et à travers…
avril, 2005
10.00 x 19.00 cm
80 pages
ISBN : 978-2-7427-5431-1
Prix indicatif : 10.20€
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