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La Russie en 1839



La Russie en 1839 est un extraordinaire journal de voyage au “Royaume des façades”, prémonitoire et visionnaire. Dans la réédition de Custine parue aux éditions Solin, en 1990, Hélène Carrère d’Encausse écrivait dans sa préface : “Custine (…) témoigne de la difficile rencontre entre la Russie tendue vers l’Europe et l’Europe qui ne sut jamais comment traiter et comprendre la Russie.” On en est toujours là. Et les derniers événements en Ukraine en sont la parfaite démonstration.
La destinée de ce livre reste singulière. Publié en 1843, et bien qu’il décrive la réalité russe de son époque, l’ouvrage de Custine a traversé presque deux siècles comme s’il était le miroir du moment. Pertinent au temps du tsarisme, il l’est resté sous le communisme et retrouve son actualité sous Poutine.
Bien entendu, le livre fut interdit par le Tsar, l’ambassade de Russie à Paris suscita des réfutations, on essaya même de stipendier Balzac pour ce faire et on alla jusqu’à mettre en avant l’homosexualité de l’auteur pour expliquer sa hargne contre le régime tsariste. C’est vrai que Custine n’y allait pas de main morte en fustigeant les travers du régime de Nicolas Ier : “En Russie, le gouvernement domine et ne vivifie rien. Dans cet immense empire, le peuple, s’il n’est tranquille, est muet ; la mort y plane sur toutes les têtes et les frappe capricieusement ; c’est à faire douter de la suprême justice ; là l’homme a deux cercueils : le berceau et la tombe. Les mères y doivent pleurer la naissance plus que la mort de leurs enfants.” On voit bien le ton, le style, et tout le livre est à l’avenant, celui d’un grand écrivain assurément !
Custine, s’il n’est resté que peu de temps en Russie, était parfaitement renseigné par des amis polonais (la “question polonaise”, la mise au pas par la Russie de la Pologne qui, beaucoup plus que la Tchétchénie aujourd’hui, avait suscité l’indignation des Français), des opposants dont des amis de Pouchkine.
Pour aller vite, les Russes et les russisants se sont divisés en deux groupes : ceux qui abhorrent Custine et ceux qui l’admirent. Dostoïevski, par exemple, haïssait le livre de Custine. Les russisants, eux, lui opposent souvent Anatole Leroy-Beaulieu, l’auteur de L’Empire des tsars et les Russes, remarquable étude ethnologique mais qui ne prend pas partie contre le despotisme.
La version ici proposée, qui reprend celle des éditions Solin, est la seule édition intégrale publiée depuis 1853.

mars, 2005
14.00 x 20.50 cm
928 pages


ISBN : 978-2-7427-5433-5
Prix indicatif : 28.40€



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