Aller au contenu principal

L'imposteur


Icône nationale antifranquiste, symbole de l’anarcho-syndicalisme, emblème de la puissante association des parents d’élèves de Catalogne, président charismatique de l’Amicale de Mauthausen, qui pendant des décennies a porté la parole des survivants espagnols de l’Holocauste, Enric Marco s’est forgé l’image du valeureux combattant de toutes les guerres justes. En juin 2005, un jeune historien met au jour l’incroyable imposture : tel un nouvel Alonso Quijano, qui à cinquante ans réinvente sa vie pour devenir Don Quichotte, Enric Marco a bâti le plus stupéfiant des châteaux de cartes ; l’homme n’a jamais, en vérité, quitté la cohorte des résignés, prêts à tous les accommodements pour seulement survivre. L’Espagne d’affronter sa plus grande imposture, et Javier Cercas sa plus audacieuse création littéraire.

«L’Imposteur» est en effet une remarquable réflexion sur le héros, sur l’histoire récente de l’Espagne et son amnésie collective, sur le business de la “mémoire historique”, sur le mensonge (forcément répréhensible, parfois nécessaire, voire salutaire ?), sur la fonction de la littérature et son inhérent narcissisme, sur la fiction qui sauve et la réalité qui tue.

Si, à l’instar de Flaubert, Javier Cercas clame “Enric Marco, c’est moi !”, le tour de force de ce roman sans fiction saturé de fiction est de confondre un lecteur enferré dans ses propres paradoxes. Qui n’est pas Enric Marco, oscillant entre vérités et mensonges pour accepter les affres de la vie réelle ? À un degré certes moins flamboyant que celui de ce grand imposteur, chacun ne s’efforce-t-il pas de façonner sa légende personnelle?

septembre, 2015
14.50 x 24.00 cm
416 pages

Aleksandar GRUJICIC
Elisabeth BEYER

ISBN : 978-2-330-05307-9
Prix indicatif : 23.50€



Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique

Javier cercas livre un formidable récit sur un homme qui avait inventé sa vie et interroge le lecteur : Sommes-nous tous des Enric Marco ? Marco est sympathique. Il a le don d'intensifier la vie, de se faire aimer en rendant presque fictive la réalité qui l'entoure, tel Don Quichotte réinventant la chevalerie pour combattre les moulins. La force de Cercas, à l'inverse, est dans sa croyance irréductible en une vérité non embellie. A eux deux, ils font un remarquable romancier.

Claude Arnaud, Le Point