Un homme rentre chez lui, fatigué, usé par l’âge et les regrets. La nuit va tomber, les Iris, sa banlieue parisienne, se dressent dans le crépuscule entre épreuve et destination. Ce trajet familier, Youssef Chalaoui pressent confusément qu’il lui sera fatal. Mais il en ignorera l’impact profond, irrévocable, sur le quartier, ses habitants, le pays. Cette nuit-là, au terme d’un long et hésitant et macabre ballet, la périphérie s’enflamme. Et bientôt, la France entière bascule.
Dans« L’Esprit de l’ivresse», la révolution est traitée hors champ ; comme les bouleversements organiques du grand corps malade de la société contemporaine. Chorégraphique et musical, le roman procède par mouvements amples. À la course désordonnée et assoiffée de liberté de Clara S., l’égérie malgré elle, répond la fuite ouatée du Président Henri Dumont, bloc de souffrances et d’indécision. Chacun cherche en lui- même un élan radical, un feu qui brûle jusqu’aux lendemains, un ressort contre l’impuissance dérisoire et l’acharnement magnifique que recouvre l’idée de destin.
C’est par les corps individuels que Loïc Merle pénètre et explore la chair collective d’une Grande Révolte imaginaire dont la proximité plausible (inévitable ?) saisit le lecteur. Par les corps que s’exprime le besoin désespéré d’être ensemble et d’être «plusieurs», face à l’engrenage du réel – et de la realpolitik – qui broie les êtres et les âmes, atrophie les esprits, avorte la notion même d’avenir.
Cette nuit des hommes, l’auteur la dessine d’une phrase riche et lumineuse, légèrement étourdie, comme exactement ivre. Car, semble-t-il nous dire, de vital et de salvateur, ne nous restera-t-il bientôt plus que l’esprit de l’ivresse ? C’est une des questions cruciales qui traversent ce premier roman d’une ampleur et d’une ambition rares.
«J’ai voulu parler de mes vingt ans où tout semblait possible, et qui fut pourtant la période la plus triste de ma vie… De ce temps perdu dans les bars, sans réelle passion et sans travail… Et j’étais un mauvais poète… Je voulais rendre hommage aux gens qui ont partagé mon état de perdition et ont disparu depuis, j’avais l’impression qu’une génération entière avait sombré avec eux, dans un tourbillon, dans des remous dont l’Histoire se moquait… J’ai voulu parler de l’esprit de ma jeunesse, sans ironie, en affirmant quelque chose…
L’ivresse qui m’a intéressé est un moyen, un véhicule, c’est l’ivresse des petites gens, patiente, répétée, sans but, quotidienne, embarrassée d’être jugée, ivresse qui n’a même pas besoin d’alcool ni de drogue, ivresse de l’homme qui attend, ivresse du flâneur, et de la femme qui se transforme et ne sait comment atténuer les douleurs de cette transformation – ivresse qui est comme un sillon suivi, et, à force, bouleverse toute l’attitude, en bien, en mal, qui « emplit le premier venu de la force des événements », disait Victor Hugo…
J’ai imaginé les conséquences que pourraient avoir en France des émeutes de grande ampleur si elles débouchaient sur une révolte généralisée, pendant laquelle quelques personnages apprennent de leur ivresse ou de celle des autres, tentent de se délivrer de leurs addictions pour en acquérir d’autres, meilleures, en tout cas plus conformes aux temps nouveaux qu’ils entrevoient, cernés par de grandes limites : l’attachement à leurs origines, le rôle qu’ils ont tenu pendant toute leur vie ; la mort ; la fidélité à leurs convictions, à la révolte, à la contre-révolte ; la mort.
Je crois que mon roman essaie d’être honnêtement ivre…»
L.M.
août, 2013
14.50 x 24.00 cm
288 pages
ISBN : 978-2-330-02354-6
Prix indicatif : 21.50€
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Attention, choc littéraire ! (...) Le premier roman le plus sidérant de cette rentrée.(...) Prophétique et inquiétant, l'Esprit de l'ivresse n'annonce certes pas le retour du temps des cerises. Mais il sonde trop bien le mal français pour qu'on n'aille pas écouter siffler ce Merle rageur.
Dans ce livre ample, chaque mot importe et suggère une réflexion sur la société d'aujourd'hui.
Loic Merle ose un roman foisonnant inspiré du situationnisme.
Un premier roman atmosphérique au verbe impressionnant.
(Loïc Merle) nous parle (…) de la possibilité et de l'ivresse de la révolution, de ce moment inouï qui, telle une drogue, change les sens et les corps, redonne vie dans un arrachement à la mort, par un mouvement de liberté.
(Un) roman qui sonne à la fois comme l'expression d'une désillusion à I'égard de la politique et un appel à elle. Nous sommes en tout cas prévenus : voici le cycle de la révolte.
Premier roman impressionnant de Loïc Merle (…) qui se place sous l'égide de Balzac et de Proust pour raconter la France d'aujourd'hui, les rapports entre la périphérie et le centre, et l'usure du pacte républicain. Dans une langue au lyrisme rageur, qui se saoule parfois d'elle-même, il met en scène des personnages grisés par l'événement, par l'envie qu'advienne quelque chose, enfin.
Loïc Merle signe un premier roman explosif
Un livre à part dans cette rentrée.
Premier roman aux airs de fresque balzacienne, L'Esprit de I'ivresse prend À bras-le-corps les maux d'une époque sans jamais tomber dans I'écueil du roman sociologique à thèse. (..) Loïc Merle nous saisit grâce a la puissance de ses descriptions et de ses longues phrases d'une beauté rêche à couper le souffle. Preuve que la révolution est aussi une affaire de forme.
Il faut dire un grand merci à Loïc Merle. Voilà un écrivain qui ne se sent pas obligé d'utiliser un langage pauvre pour parler de la misère sociale. Des phrases qu'on lit et relit pour le plaisir d'en apprécier la beauté.
Un premier roman comme on en lit peu, une fable vertigineuse sur la révolte qui sourd, à l'ombre de la crise et du désenchantement.
Menant sa barque avec la maestria d'un grand ancien, mais la rage d'un jeune premier, Loïc Merle met ainsi des mots sur ces plaies qui n'en finissent plus de ronger la société française - l'identité, l'exil, la pauvreté, la violence. Et se fait ainsi le héraut d'une nation «parvenue à Ia fin d'un cycle», le messager d'un pays en crise, gagné par la tentation du chaos.
Porté par un souffle rare, «l'Esprit de l'ivresse» est un de ces romans qui vous laisse une belle gueule de bois. Et qui, mieux que
des grives, vous donne envie de bouffer du Merle."
L'Esprit de l'ivresse questionne la possibilité d'une révolution dépourvue d'idéologies. Entre mouvements collectifs et méditations intimes, le premier roman le plus ambitieux et abrasif de la rentrée.
Les temps annoncent ce besoin de changer le monde, la littérature s’en fait l’écho, telle une Pythie campée au dessus-du gouffre.Loïc Merle interprète.
Roman de l'espoir contre le désenchantement, ce premier texte de Loïc Merle revendique son droit à l'ivresse, celle qui donne envie « de courir et de, hurler.
Ce très beau roman est un hommage aux voix qui s'élèvent et hurlent quand elles ne veulent plus implorer.
Ce roman à l'écriture incandescente ne cesse de monter en puissance, clameur qui enfle et gonfle jusqu'au point de rupture.
Hors de son thème passionnant, l'écriture impressionne par sa finesse et sa maturité.
Un retour en force de la littérature de combat et la révélation de la rentrée.
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