Sous-titre
Je m'appelle Adam
À New York où il enseigne la littérature arabe, l’auteur dit avoir rencontré un certain Adam Dannoun, mystérieux marchand de falafel israélien ; il aurait réussi à acquérir des cahiers en partie calcinés trouvés dans l’appartement après la mort de ce dernier. Il s’agit de deux romans inachevés. Le premier raconte l’histoire d’un poète arabe de l’époque omeyyade, Waddâh al-Yaman, amant de la femme du calife. Celle-ci le cachait dans un coffre du palais ; l’ayant appris, le calife ordonna de déposer le coffre au fond d’un puits, où le poète mourut noyé sans avoir pu ou voulu prononcer un mot. Le second manuscrit, bien plus ample, se présente comme un récit autobiographique. Il rapporte en détail, en retraçant la destinée d’une foule de personnages, les événements tragiques survenus à Lod en 1948, quand presque tous les habitants de la ville furent expulsés ; ceux qui y étaient restés, dont Adam, encore nourrisson, furent regroupés dans un camp sordide auquel les vainqueurs donnèrent cruellement le nom de ghetto…
Dans cette nouvelle approche, après «La Porte du soleil», de la «Nakba »palestinienne de 1948, Elias Khoury aborde des thèmes majeurs comme l’identité, la mémoire, le rapport du roman à l’histoire, mais il se pose surtout, en les croisant, cette question : comment restituer en littérature des crimes dont les victimes se sont murées dans le silence ? Il emprunte pour y répondre plusieurs masques, le dernier étant celui d’un témoin oculaire auquel Adam Dannoun, incapable de raconter lui-même l’épisode le plus monstrueux, demande de le relayer.
février, 2018
14.00 x 22.50 cm
368 pages
ISBN : 978-2-330-09244-3
Prix indicatif : 23.00€
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Avec ce roman qui nous touche au plus profond, il a su écouter le silence du peuple palestinien.
Plus de quarante ans après son premier roman, le libanais Elias Khoury poursuit son interminable quête pour reproduire avec justesse les émotions humaines.
Gorgées de références littéraires et historiques, cette fiction autobiographique permet à Elias Khoury de donner vie à une galerie de personnages palestiniens autour d’Adam… Tous forment un peuple à son image, « orphelin, paumé, dont le drame est d’avoir été incapable d’oublier parce qu’il avait l’impression de ne pas avoir de présent .
L’écriture de Khoury se déploie alors avec toute sa richesse, telles que nous avions pu la découvrir dans La Porte du soleil notamment. L’acuité des analyses historiques, la sensualité des descriptions, la poésie des métaphores, la complexité des sentiments qui déchirent Adam concourent à tisser ce texte bouleversant.
Page après page se déploie une histoire enfouie, celle d'un peuple qui a dû oublier pour vivre mais a effacé par là même les traces d'une double humiliation : celle de la mort et des ghettos édifiés par les vainqueurs de 1948.
Adam n'est rien d'autre que le double littéraire d'Elias Khoury : ce narrateur qui témoigne de l'impossibilité à dire le vrai, malgré la nécessité.
Au fur et à mesure de la narration, la frontière entre fiction et document s’estompe, le roman prend toute sa place : audacieux, troublant, magnifiquement écrit.
Il y a plus d'un livre dans ce roman, ouvrant chacun plusieurs tiroirs. Certains enferment depuis très longtemps des mémoires enfouies. D'autres contiennent des manuscrits fictifs ou des esquisses d'œuvres à venir. Mais tous les chemins emmêlés empruntés par Elias Khoury dans Les Enfants du ghetto mènent à la Palestine