Devenu spécialiste de la Shoah malgré lui, un historien israélien accompagne des groupes de lycéens dans leurs visites imposées au cours de “voyages de la mémoire” systématisés par l’État. Le voilà guide des camps de la mort.
Cette expérience, cette fréquentation intime et quotidienne des processus d’extermination nazis, doublées de sollicitations diverses autour des di?érentes formes que prend l’entretien o?ciel d’une in?ammable mémoire, entament progressivement et profondément son rapport au monde et aux autres.
Rédigé sous la forme d’une lettre adressée au président de Yad Vashem (l’Institut international pour la mémoire de la Shoah sis à Jérusalem), cette sorte de rapport de mission bouscule le lecteur comme un interrogatoire musclé. Rapidement, le ton se tend. Une rage sourde imprègne chaque phrase, contamine le regard. On y lit l’implication et la rigueur scienti?que du guide mais aussi sa solitude, son sentiment d’impuissance.
Dans une époque vouée au virtuel autant qu’au pragmatisme, Yishaï Sarid soumet à sa propre absurdité cette mise en scène de la mémoire au service d’un projet national qui érige la survie en triomphe. Le texte porte le constat terrible de l’impossibilité de transmettre, face à la banalisation du tourisme de l’horreur. Mais il contient son propre démenti : bref, saisissant, implacable, il a la puissance de dé?agration et l’«e?cacité» sensorielle d’un corps à corps avec ce «monstre de la mémoire».
février, 2020
11.50 x 21.70 cm
160 pages
ISBN : 978-2-330-13170-8
Prix indicatif : 18.50€
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Le récit s’enchaîne d’une manière implacable, compacte, mettant en lumière le détail des processus en cours comme autant de rouages d’une mécanique infernale.
Critique la plus enthousiaste, la poétesse Navit Barel estime qu’il forme une « sainte trinité » aux côtés de Primo Levi et de la philosophe Hannah Arendt.
C’est une histoire sur la société israëlienne mais d’un point de vue très spécifique, peut être le plus problématique et douloureux. Car cette blessure n’est pas partie.
Si la seule réponse que vous obtenez lorsque vous faites une proposition de paix ce sont des explosions dans vos rues, que voulez-vous faire ?
Avec le Monstre de la mémoire, le romancier Yishaï Sarid s’attaque donc à un tabou.
Voilà un texte fort, parfois à la limite du soutenable mais important.
Un livre incroyable qui révolutionne la manière dont nous abordons le mémoire de la Shoah.