Dans un quartier juif huppé de Baltimore, un soir de 1965, la très glamour Maddie, épouse et mère parfaite, reçoit par hasard un ancien flirt de lycée. Et se souvient alors combien, à l’adolescence, elle aspirait à devenir une femme libre et accomplie. Soudain, il n’y a plus que ce désir ardent.
Quittant d’un pas impudemment léger la demeure familiale, Maddie s’invente une vie rien qu’à elle – un appartement (minable), une liaison (torride) et surtout un poste d’assistante dans un journal local. Décidée à prendre du galon, elle s’empare d’une affaire traitée avec indifférence, tant par les médias que par la police : le meurtre d’une jeune Noire, dont le corps a été retrouvé dans un lac de la ville. Qui était la belle et mystérieuse Cléo Sherwood, avec qui a-t-elle osé frayer pour devoir disparaître ainsi ?
Écrivant en miroir l’émancipation de Maddie, déterminée à conquérir le monde, et le destin tragique de Cléo, victime de jeux de pouvoir éminemment masculins, Laura Lippman livre un formidable roman à suspense dans lequel s’incarnent racisme, sexisme et rapports de classes propres à l’Amérique des années 1960.
Laura Lippman a publié plus de vingt romans, tous situés sur la côte est des États-Unis, où elle vit. Elle a reçu de nombreux prix et ses ouvrages sont traduits dans une vingtaine de langues. Corps inflammables a paru en 2019 dans la collection “Actes noirs”.
février, 2022
13.50 x 21.50 cm
400 pages
ISBN : 978-2-330-16088-3
Prix indicatif : 22.80€
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Chaque progression de l’intrigue voit l’irruption de nouveaux personnages qui apportent leur témoignage sur la victime mais aussi sur leur métier ou sur leur vision de la société. L’ensemble permet d’appréhender l’atmosphère d’une grande ville américaine des années soixante avec les problèmes sociaux ou raciaux ou la place des femmes.
Brillant.
Un roman vif, intéressant, assez précis quant aux mœurs des années soixante à Baltimore. Et bien sûr cette double histoire, en miroir : celle de Cléo et celle de Maddie.
Laura Lippman n’a pas choisi au hasard la décennie dans laquelle elle situe l’intrigue de La Voix du lac. Entre l’influence déclinante du Klu Klux Klan et la libération sexuelle en approche, les années 1960 sont celles où de plus en plus de voix s’élèvent contre le racisme, le sexisme et les rapports de classes aux Etats-Unis. Loin de n’être qu’un roman au suspense très habilement distillé et au style flamboyant, La Voix du lac est l’instantané d’une époque charnière où il fallait s’affirmer en tant que femme, en tant que noir, à fortiori en tant que femme noire.
Laura Lippman livre un roman à suspense très réussi dans lequel s'incarnent racisme, sexisme et rapports de classes. Elle rend à merveille l’atmosphère de la salle de rédaction du journal et les milieux interlopes traversés par Maddie. L’intrigue déborde le crime.
Laura Lippman, formidable romancière qui a publié plus de vingt fictions, formant une radiophonie de la côte est des États-Unis, pointe fermement une société misogyne où les femmes mariées feraient mieux de rester tricoter à a maison. Où les lois contre la ségrégation raciale, qui viennent juste d’être votées, ne parviennent pas aux oreilles des blancs puissants de la cité. Laura Lippman décrit avec talent ces classes bourgeoises où les hommes s’accrochent à leurs avantages. La construction chorale du roman, et les voix des victimes en particulier, ajoute un supplément d’âme à ce roman à suspens social froidement ironique.
Un polar polyphonique complètement addictif qui nous emmène explorer Baltimore dans les années 60 en compagnie de femmes de caractère, de superbes héroïnes.
Laura Lippman, n’a pas choisi la facilité. Elle se met tour à tour dans la peau des différents personnages, et même dans celui de la morte, ainsi on visualise une scène sous différents angles, avec divers points de vue. Cela donne un roman noir d’une immense richesse, un magnifique portrait de femme et un tableau assez complet de l’Amérique des années 1960 avec son lot de racisme, de sexisme et de lutte des classes. Vertigineux.
Un roman passionnant tant par la personnalité forte de son héroïne que par le portrait que l’autrice fait de l’Amérique des Golden Sixties.
Roman d’émancipation qui n’est pas sans rappeler certains aspects des œuvres de Philip Roth – barrières raciales, carcan de la culture juive, sexualité libératrice –, La Voix du lac navigue entre les eaux du polar avec son joli renversement final, et celles d’un portrait de femme qui refuse de se plier aux injonctions sociétales, dans une Amérique des années 1960 pas si éloignée de celle d’aujourd’hui.
C’est l’histoire de l’émancipation de deux femmes. Ça parle de racisme, de sexisme, ambiance à la Mad Men, c’est très très bien fait. C’est formidable et c’est aussi Il était une fois en Amérique.
Un polar polyphonique complètement addictif qui nous emmène explorer Baltimore dans les années 1960 en compagnie de femmes de caractère, de superbes héroïnes.
C’est passionnant pour plusieurs raisons : on est scotché par le personnage de Maddie très riche et complexe. On est effaré par les pratiques journalistiques américaines des années 1960, on est sidéré par les pratiques raciales et religieuses et puis on applaudie la virtuosité de la construction et donc pour tout cela j’ai beaucoup, beaucoup aimé La Voix du lac.
Bien davantage qu’un simple roman policier, La Voix du lac retrace les contours d’une époque par l’intermédiaire de plusieurs narrateurs, juste avant les grands chambardements des années 1970, sexisme, racisme et société de classes comme autant d’écueils contre lesquels l’enthousiasme et la détermination de Maddie se heurtent souvent, sans s’affaiblir pourtant, tout en la portant vers l’accomplissement de ses ambitions.
Le portrait que Laura Lippman nous dresse de Maddie est la saveur principale de ce roman. À l’heure des mouvements #MeToo et de #BlackLivesMatter, on se rend bien compte du long chemin parcouru depuis les avancées féministes et les émeutes des années 1960.