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Kannjawou



Cinq jeunes gens à l’orée de l’âge adulte rêvent en vain d’avenir dans le misérable quartier de la rue de l’Enterrement, proche du grand cimetière où même les morts doivent lutter pour se trouver une place. Confrontés à la violence des rapports sociaux et aux dégâts causés par des décennies d’occupation militaro-humanitaire dans leur pays placé sous contrôle de la communauté internationale, ils n’ont pour viatique que le fantasme d’improbables révolutions, les enseignements du “petit professeur” et de sa vaste bibliothèque, ou les injonctions de man Jeanne, farouche gardienne des règles d’humanité élémentaires – règles que bafouent allègrement les nantis et les représentants interchangeables des ONG planétaires. Ces derniers, le soir venu, aiment à s’encanailler au “Kannjawou”, un bar local aussi pittoresque qu’authentique aux yeux de visiteurs décomplexés et surentraînés à détourner résolument le regard de l’enfer ordinaire que vit un peuple simplement occupé à ne pas mourir.

Dans la culture populaire d’Haïti, le mot «kannjawou» désigne, à l’origine, la fête, le partage. Mais à quelles réjouissances songer quand la souffrance, qui fait vieillir trop vite, accule à la résignation jusqu’à détruire la solidarité des communautés premières ? En convoquant avec éclat la dimension combative dont toute son oeuvre porte la trace ardente, Lyonel Trouillot met ici en scène la tragédie d’un pays qui, sous la férule d’enjeux qui ne sont pas les siens, pris en otage par les inégalités, les jeux de pouvoir et la précarité, dérive dans sa propre histoire, privé de tout projet collectif rédempteur.


“Un pays occupé, sous contrôle de la « communauté internationale » et marqué par la violence des rapports entre « riches » et « pauvres ». Par le récit de l’entrée dans l’âge adulte de cinq « jeunes » (Popol, Wodné, Joëlle, Sophonie et le narrateur) habitant la rue qui donne sur le grand cimetière de Port-au-Prince, explorer les souffrances et indignités auxquelles est soumise une jeunesse qui a du mal à croire en la bonté et le collectif, tant seules les conditions de la survie individuelle semblent réunies. Mettre en mots le combat entre la précarité et les idéaux, et les violences symboliques que les « communautés » peuvent exercer sur les individus. Quand, au sein d’un groupe, vivre n’est que passivité, colère et impuissance, qu’en est-il de l’amour, de l’amitié, de l’engagement ? À travers leurs rencontres avec man Jeanne, la doyenne du quartier, « le petit professeur » originaire d’un milieu plus aisé, Sandrine, l’étrangère qui fait partie du personnel civil de 48 l’Occupation, ce sont les questions qui se posent à « la bande des cinq » et que le narrateur (complice du romancier et lui-même grand lecteur de romans) pose à la vie dans les carnets de son journal.

Dans la culture populaire haïtienne, « Kannjawou » ou « Kannjanwou », veut dire fête, partage et célébration. De quelle fête collective peut-on encore rêver en pays occupé, et devant le triomphe des inégalités, des jeux de pouvoir, de la concurrence dans la précarité, du ressentiment ?

Par la proximité avec le cimetière et les références constantes à des personnages littéraires, se demander aussi si la mort et la littérature, ces deux représentations de l’Autre, peuvent signifier quelque chose d’exemplaire, dans un monde du chacun pour soi, à court de rêves et de valeurs ?”

 

L. T.

janvier, 2016
11.50 x 21.70 cm
208 pages


ISBN : 978-2-330-05875-3
Prix indicatif : 18.00€



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Ce livre existe également en version numérique

L'écrivain haïtien interroge la résistance de l'amour et de l'amitié dans une société gouvernée par l'injustice, la précarité et la soif du pouvoir. (...) Hanté par la mort, ce théâtre de la vie, truffé de références littéraires, n'en demeure pas moins gouverné par le rêve, la poésie et l'espoir d'une humanité retrouvée.


Frédérique Briard, Marianne

J’ai adoré ce livre ! (...) J’ai eu le sentiment en terminant votre livre que vous aviez écrit peut-être, le grand livre qu’on attendait sur l’impuissance et la colère. (...) Kannjawou c’est le titre de ce roman qui est sans doute, croyez-moi, un des plus beaux de Lyonel Trouillot.

François Busnel, La Grande Librairie

L'une des voix les plus fortes des Lettres francophones. (...) Face au chagrin que faire ? Rêver de partage, répond Lyonel Trouillot, rêver toujours même dans les larmes.

Lisbeth Koutchoumof, Le Temps

Avec sa verve habituelle, dans une langue généreuse qui coule à flots, Lyonel Trouillot décrit le petit univers du Grand cimetière, la bande des cinq qui s'effiloche au fil des pages et la capitale scindée en deux mondes. (...) Il mêle la description pittoresque à une réalité cruelle, concilie regard poétique et vision politique, ajoute à son humour mélancolique une grosse pincée de désespoir.

Corinne Renou-Nativel, La Croix

Il y a de l'amertume et de la colère mais aussi une énorme tendresse dans le regard que porte Lyonel Trouillot sur ce pays qui est le sien. (...) Et on entend résonner, avec l'envie d'y répondre en écho, le je vous aime convaincu de cet auteur au grand cœur.

Monique Verdussen, La Libre Belgique

Agitateur, l'écrivain haïtien l'est à sa manière, avec son style envoûtant et ses romans sans faux-semblant. (...) Le flamboyant Kannjawou est à ce titre l'un des plus audacieux. (...) Implacable.

Marianne Payot, L'Express

J’ai adoré ce livre !

J’ai eu le sentiment en terminant votre livre que vous aviez écrit peut-être,le grand livre qu’on attendait sur l’impuissance et la colère.

Kannjawou c’est le titre de ce roman qui est sans doute, croyez-moi, un des plus beaux de Lyonel Trouillot.

François Busnel, La Grande Librairie

Il faut que Lyonel Trouillot aime beaucoup Haïti pour lui consacrer ce terrible requiem. Et pourtant, comme dit son narrateur, c'est une histoire de partout. On y voit des humains.

Grégoire Leménager , L'Obs

Roman flamboyant, un des meilleurs de Lyonel Trouillot.
Personnalités toutes admirablement croquées et terriblement vivantes.

Tierry Clermont , Le Figaro Littéraire

Ici, il place à nouveau la parole poétique au cœur de son livre : comment, pourquoi écrire ? Pour faire des détours, penser à autre chose qu'à la survie, bref, pour vivre, répond Kannjawou.

Gladys Marivat , Le Monde des livres

Jamais manichéen ou cynique, Lyonel Trouillot tisse des solidarités par-delà les conflits générationels et politiques
(...) Proche de la poésie, l'écriture de Lyonel Trouillot est dense, épurée, puissante. Les phrases sont soigneusement pesées. On aimerait les retenir toutes (...) certains écrivains ont le pouvoir d'inventer avec les mots un territoire profondément humain, où la fête et la joie sont encore possibles. Lyone Trouillot est de ceux-là.

Sophie Joubert , L'Humanité