À partir d’une enquête approfondie menée à Budapest et d’entretiens avec des conseillers actuels ou passés de Viktor Orbán, Amélie Poinssot nous fait entrer dans la tête de ce dirigeant d’un petit pays de près de 10 millions d’habitants, membre de l’UE depuis 2004.
Comment l’étudiant en droit passionné par Solidarno??, comment le fougueux libertaire qui prenait la parole en 1989 devant une foule immense pour exiger le départ des troupes soviétiques, s’est-il métamorphosé en chantre de l’“illibéralisme”, réélu triomphalement en 2018, ami de Poutine, coqueluche d’un Salvini ou d’un Bolsonaro ?
À la différence des extrêmes droites occidentales, Viktor Orbán et son parti, le Fidesz, toujours membre du PPE, le grand parti de droite européen, n’ont jamais entendu se “normaliser” ni se “dédiaboliser” pour accéder ou se maintenir au pouvoir. C’est au contraire en parvenant aux plus hautes fonctions de l’État que leur discours s’est radicalisé et a fait peu à peu tomber toutes les digues du “politiquement correct”.
Farouchement opposé – alors même qu’il n’envisage aucunement de quitter l’UE ni de perdre ses subventions – à toute politique européenne d’accueil des réfugiés, ne manquant jamais une occasion de mettre en avant les racines chrétiennes de son pays, bâtisseur d’un État autoritaire, Viktor Orbán fait sien l’héritage de la droite hongroise nationaliste de l’entre-deux-guerres.
Avec lui au pouvoir, le prix Nobel Imre Kertész craignait le pire et notait déjà en 2001 : “Qu’elle est singulière cette Hongrie chrétienne, nationale, irrédente et démocratique ! Elle ne rappelle ni le pays des grands Hongrois du XIXe siècle, ni la démocratie, ni la liberté, mais la pire Hongrie pré-fasciste.”
mars, 2019
11.50 x 19.50 cm
192 pages
ISBN : 978-2-330-11903-4
Prix indicatif : 19.50€
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Que se trame-t-il derrière l’œil dur, le visage fermé, le sourire sarcastique du Premier ministre hongrois ? Pour percer le mystère de cet homme qui fuit les journalistes comme la peste, Amélie Poinssot, reporter spécialiste de l’Europe à Mediapart, a cherché à savoir ce qu’il avait dans le crâne. Elle a entrepris un travail de fourmi, décortiqué son parcours, analysé ses discours, interrogé ses plus proches conseillers. Le personnage qui en ressort est celui d’un Machiavel.
Pour tout savoir sur ce « Viktor-mon-ami », il faut lire le petit livre d’Amélie Poinssot chez Solin/Actes Sud, Dans la tête de Viktor Orbán. Édifiant sur un homme habile, élu pour la quatrième fois à la tête de son pays il y a un an, Premier ministre sans discontinuer depuis neuf ans.
Le populisme est avant tout un style politique, et Orban y excelle. Parce qu’il dit ce que ses concitoyens veulent entendre, parce qu’il cultive une simplicité affectée, clamant son amour du foot autant que des valeurs traditionnelles. Le livre est à méditer alors même qu’Orban, «s’il s’inscrit dans une trajectoire éminemment hongroise, rejoint aussi une tendance commune à l’ensemble du continent européen» en mettant en œuvre «une combinaison d’autoritarisme, de rhétorique identitaire et de profondes inégalités économiques.