Bertrand Tavernier est un réalisateur, scénariste et producteur français, président de l’Institut lumière. Né à Lyon, le 25 avril 1941 et disparu le 25 mars 2021 à Saint-Maxime, il est le fils de l’écrivain et résistant René Tavernier. Après-guerre, il s’installe avec sa famille à Paris, et termine ses études secondaires au Lycée Henri IV où il se lie d’amitié avec Volker Schlöndorff. Ils découvrent ensemble la cinémathèque de la Rue d’Ulm. Cinéphile passionné, il commence pour gagner sa vie, par collaborer à des hebdomadaires et revues de cinéma, tels que Cinéma 60, Les Lettres françaises, Combat puis Positif. Il est le seul qui parvient à écrire aussi bien à Positif qu’aux Cahiers du cinéma d’Eric Rohmer. En 1960, il devient assistant de Jean-Pierre Melville sur le tournage de Léon Morin, prêtre, puis attaché de presse pour le producteur Georges de Beauregard dès 1961, travaillant avec Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Agnès Varda.
Il réalise son premier long métrage en 1973, à Lyon. Intitulé L’Horloger de Saint-Paul et adapté de l’œuvre de Georges Simenon, le film est récompensé par le Prix Louis-Delluc et l’Ours d’argent à Berlin, et marque sa rencontre avec Philippe Noiret qui deviendra son acteur fétiche (Que la fête commence, Le Juge et l’assassin, Coup de torchon, La Vie et rien d’autre, La fille de d’Artagnan). Éclectique, il aborde plusieurs genres cinématographiques, de la comédie dramatique (Un dimanche à la campagne, Daddy Nostalgie) au film de guerre (Capitaine Conan) en passant par le film historique (La Vie et rien d’autre, Laissez-passer, La Princesse de Montpensier) ou le polar (L.627, L'appât, Dans la brume électrique). Il parle aussi bien du jazz (Autour de minuit) que des instituteurs en zones défavorisées (Ça commence aujourd’hui) et tourne de nombreux documentaires : La guerre sans nom, De l’autre côté du périph et le dernier, sorti à l’automne 2016, Voyage à travers le cinéma français, particulièrement salué par la critique.
Il a déclaré à plusieurs reprises qu’il a fait tous ses films pour apprendre , pour découvrir un monde, une époque qu’il ignorait. Passionné par l’écriture, il va redonner leur chance à de grands scénaristes et dialoguistes restés sur le bord du chemin comme Jean Aurenche et Pierre Bost. ( parce qu’ils avaient écrit en 1942 Impatience et Révolte ), faire débuter au cinéma Jean Cosmos mais aussi le policier Michel Alexandre, la comédienne Christine Pascal et Colo O’Hagan.
Cinéaste engagé et profondément enraciné dans l’époque, il cristallise dans ses films son combat contre les travers de la société et son engagement contre l’injustice, la guerre, le racisme, la peine de mort. Nommé dix-neuf fois aux Césars, cinq lui sont décernés : deux Césars du meilleur réalisateur (1976 et 1997), deux du meilleur scénario original ou adaptation (1976 et 1977) et un pour la meilleur adaptation (1985). Il obtient le Prix de la mise en scène à Cannes pour Un dimanche à la campagne et le prix du meilleur film policier à Beaune pour Dans la brume électrique.
En parallèle, il co-dirige depuis 1994, avec Thierry Frémaux, la collection d’ouvrages sur le cinéma coéditée par Actes Sud et l’Institut Lumière (Conversations avec Billy Wilder de Camerone Crowe, Conversation avec Claude Sautet de Michel Boujut, Hollywood, la cité des femmes d’Antoine Sire, Au travail avec Eustache de Luc Beraud, entre autres) ; il est lui-même l’auteur de plusieurs livres sur le cinéma dont le célèbre Amis Américains : Entretiens avec les grands Auteurs d'Hollywood. Chez Actes Sud, il dirige aussi la collection L’Ouest le vrai dans laquelle il fait redécouvrir les plus grands romans western qui ont, pour la plupart, fait l’objet d’adaptations au cinéma. Il fait traduire et découvrir, dans cette collection, de magnifiques romans inédits de WR Burnett, Ernest Haycox, Tom Lea , AB Guthrie. Ses mémoires sont publiées chez Actes Sud en 2024, avec la participation de Thierry Frémaux.
Portrait © Institut Lumière / Photo : JL Mège