"Poète d'un monde souvenr noir, raisonnable à sa manière parce qu'excessif, Anders Petersen est en constante prise de risque" écrit Christian Caujolle à propos de ce grand photographe suédois. En 1978, Anders Petersen (né en 1944) se révèle par la publication de Café Lehmitz (Schirmer / Mosel, 1978) série devenue culte, récemment rééditée par Prestel (2023). Il chronique avec tendresse et précision le quotidien d’un bar de Hambourg où se retrouvent paumés, prostituées, marins et marginaux. Attaché à l’humain, à son énigme, à sa solitude et à la complexité des émotions qu’il a su mettre en évidence aussi bien à l’hôpital psychiatrique qu’en prison ou à la maison de retraite, Anders Petersen explore ces mondes clos de l’intérieur. Élève de Christer Strömholm, père de la photographie suédoise, il revendique la dimension documentaire de son travail. Avec son écriture au grain puissant et aux contrastes forts, cette distance qui lui est propre, se tenant à la fois en dehors et en dedans du cadre, il prend des portraits de la réalité ordinaire. Ainsi, il révèle dans des situations de marginalisation une intensité et une vérité rares des sentiments. En 2003, Anders Petersen est nommé photographe de l’année lors des Rencontres d’Arles. Son journal photographique (en cours depuis vingt ans) City Diary (Steidl, 2012) est récompensé en 2012 par le Prix du livre Paris Photo-Aperture Foundation. Un Photo Poche lui est dédié en mars 2024.