Eric Vuillard poursuit avec «Congo» son entreprise de relecture de l'Histoire, qu'il tutoie au plus près, à hauteur d'homme, mettant en scène les balbutiements de l'époque coloniale pour dénoncer les travers de notre modernité.
mars, 2012
10.00 x 19.00 cm
112 pages
ISBN : 978-2-330-00619-8
Prix indicatif : 17.50€
Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique
Si la langue d'Eric Vuillard emporte et touche au plus juste, ce n'est pas seulement en raison de sa beauté mais encore en vertu de sa trivialité. Comme sur une scène ou sur un écran, surgit régulièrement une présence incongrue bousculant un décor qui sans elle risquerait de se figer dans une perfection ou une splendeur qui n'est plus de mise. [...] Il s'impose comme l'un des écrivains les plus brillants de sa génération.
Congo, c’est la chapelle mystérieuse à laquelle on accède par une porte dérobée dans l’abside, arc-boutée sur sa crypte, et l’ensemble de ces deux livres qui n’en font qu’un c’est un bel édifice qu’il faut visiter pour comprendre nos existences baroques.
...l'appétit de puissance coloniale qu'Eric Vuillard met en évidence dans un second livre tout aussi scintillant que le premier, et simplement intitulé Congo.
"Pourtant le Congo, "ça n'existe pas", nous dit Eric Vuillard avec un mélange savamment dosé d'ironie mordante et de rage contenue, ce n'est "rien qu'un fleuve".
Commencée dans le ricanement, l'histoire finit par tordre d'émotion le lecteur. Comment fait Eric Vuillard ?
Au terme de ces deux livres décapants, intellectuellement stimulants et au langage étincelant, l'auteur retrouve l'interrogation fondamentale, celle portée par un seul mot, Dieu.
Eric Vuillard s'est emparé de cette histoire, pour la montrer, la mâcher, la réécrire en un court récit haletant et inspiré. Il ne s'agit pas d'un "roman historique" mais, au sens fort, au sens que lui a donné Paul Ricoeur, d'un récit, sans quoi il n'y a ni Histoire, ni mémoire, ni identité.
Cette fragmentation du texte évidemment ne peut rendre compte du mouvement de l'écriture d'Eric Vuillard qui se développe dans le cadre d'une tragicomédie dont je ne mets en lumière que quelques temps forts. Or ces personnages sont habilement peints ou restitués comme on voudra, c'est-à-dire jamais caricaturaux. Le narrateur s'emploie à rendre perceptible leur complexité, à chercher dans leur monstruosité ou leur folie une part, même infime, d'humanité
Nos meilleurs néo-humanistes détecteront sans doute, dans cette brillante épopée critique, un détestable esprit de repentance. Ils pourront compléter leur lecture avec "Congo", où l'auteur de "Conquistadors" poursuit son inventaire de la bêtise européenne
Belle et riche de fulgurances, cette écriture, parfois tremblante d'émotion, nous entraîne de la conférence de Berlin (1884), où l'Europe se partagea l'Afrique, à la jungle... Vuillard écrit comme Goya peignait la guerre ; il est aussi juste dans la compassion que dans l'anathème et parvient à sortir de l'oubli à la fois les crimes commis et leurs pauvres victimes.
D'une plume aigre-douce, virtuose, il pose le décor - clinquant - et brosse le portrait de cette "élite" (...) s'accaparant les ressources d'un continent...
Dans Congo et La Bataille d’Occident, ce sont deux temps de l’Histoire que rassemble en un même geste Eric Vuillard, dans une prose où violence et humanité semblent coulées dans un seul creuset.