Biarritz, son rocher, sa plage, ses tamaris, ses surfeurs, tout cela est bien connu, mais Biarritz destination peu regardante à l'heure d'accueillir des nouveaux riches russes, cela l'est moins. C'est dans cette ville, en tout cas, qu'un certain Bazz Oxelotl, écrivain en exil, double d'Axionov, au surmoi hypertrophique et juché parfois sur un âne portugais, commence son récit.
Quelques vagues, et voilà que le roman se débride, s'imbrique et se désimbrique comme les célèbres poupées russes. On se trouve entraîné dans un rythme échevelé, du fin fond de l'Afrique avec ses richesses des terres rares jusqu'en Sibérie, et à Moscou évidemment, le Moscou des grandes purges de 1937 mais surtout la capitale de cette nouvelle Russie avec ses "oligarques" séduisants et arrivistes, sans scrupules et tout-puissants, bien qu'en butte au vieil appareil de contrôle. Apparatchiks nouvelle mouture, tenants de l'économie libérale aux dents longues, entrepreneurs audacieux, hommes de main en 4X4, avec lunettes noires et téléphones mobiles, surprenant président africain imprégné de magie et d'idéologie marxisante, amoureux fous, jeune surdoué, tels sont les personnages qui peuplent «Terres rares».
Au final, une farandole loufoque et jubilatoire, une fable boulgakovienne d'aujourd'hui, quelque chose comme un Hellzapoppin romanesque, peut-être. Et pour le lecteur, un petit tour dans les cuisines de la littérature, où un Vassili Axionov, en permanente et féroce autodérision, convoque, comme pour un adieu prémonitoire, tous les personnages de ses romans précédents.
Un bonheur sans réserve donc, à servir aussi glacé qu'une vodka en savourant les zakouskis d'une langue jouissive, inventive et aussi déjantée que tout le reste.
«Vassili Axionov est né en 1932, à Kazan, sur les rives de la Volga. Après une enfance en Sibérie où ses parents avaient été déportés, comme le raconte sa mère Evguénia Guisbourg, dans» Le Ciel de Kolyma«, il entreprend des études de médecine à Léningrad. Succès immédiat pour son premier roman» Confrères«, paru en 1960. Suivent une vingtaine d'ouvrages, romans, nouvelles, pièces de théâtre: »L'Oiseau d'acier, Surplus en stockfutaille, Notre ferraille en or, L'Ile de Crimée, Une brûlure, Le Héron, Une saga moscovite, Un doux style nouveau.« Et, chez Actes Sud, »Les Oranges du Maroc« (Babel n°573), »Lumineuse césarienne« (2003), »A la Voltaire «(2005 et Babel n°831) et »Les Hauts de Moscou« (2007).
De retour d'un long séjour obligé aux Etats-Unis où il a enseigné la littérature russe, après son bannissement d'URSS en 1981, il a longtemps vécu entre Biarritz et Moscou.
Il reste l'un des auteurs russes contemporains les plus populaires.»
janvier, 2009
14.50 x 24.00 cm
400 pages
ISBN : 978-2-7427-8043-3
Prix indicatif : 24.20€
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