La narratrice de ce livre vit dans une ancienne école maternelle. Tout y est petit, au format de ceux qui autrefois la fréquentaient. Cette femme accorde en ces lieux fossiles une attention très particulière à l’une des pièces, un endroit de mémoire où sont déposées d’étranges petites boîtes.
Parfois cette dame marche dans la nuit en compagnie d’un certain M. Baryton, un homme charmant pour lequel elle déchiffre des messages. M. Baryton voit clair pourtant mais ce sont les mots de son aimée qui semblent s’amenuiser sur le papier en même temps qu’elle.
Certains soirs sur la colline, aux abords de la ville, des inconnus attendent le passage d’un souffle, d’un brin de vent. La dame de l’école maternelle sait qu’ils écoutent en pleine nature une musique inaudible pour tout autre qu’eux-mêmes, un chant issu du lointain. Une présence absente.
Ne lisez pas les livres de Yôko Ogawa sans écouter chaque phrase, sans entendre ses mots et l’écho qu’ils produisent. Si vous leur accordez une réelle attention, leur sens se dépliera littéralement sous vos yeux.
L’œuvre de Yôko Ogawa est mondialement connue. Petites boîtes est son vingt-sixième livre traduit en français.
février, 2022
11.50 x 21.70 cm
208 pages
ISBN : 978-2-330-16129-3
Prix indicatif : 21.00€
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Yôko Ogawa nous propose un texte s’inscrivant parfaitement dans son registre, qui saura nous marquer et nous émouvoir par son exotisme.
Un univers subtil, délicat, et sensible au souffle de la vie.
La découverte d’un nouveau roman de Yôko Ogawa est toujours la promesse d’entrer dans un univers à la fois étrange et familier, décalé mais parallèle à notre monde : tout est fragile, proche de la cassure, serein en même temps qu’effrayant.
Quel plaisir de retrouver avec ces Petites boîtes l’univers poétique et fantastique des premiers romans de Yôko Ogawa.
La mémoire constitue l’un des thèmes de prédilection de Yôko Ogawa, ayant irrigué une bonne part de son œuvre, de La Formule préférée du professeur à Cristallisation secrète. II trouve dans Petites boîtes une expression saisissante, le roman étant bercé d’un onirisme morbide d’autant plus troublant sans doute que la langue de l’écrivaine ne se départit jamais de son apparente simplicité. Manière de mieux entraîner le lecteur en quelque monde flottant, comme suspendu entre l'ici et l’au-delà pour faire dialoguer les vivants et les morts. Un cadre en prise sur la précarité de l’existence, qu’elle embrasse d’une écriture dont l’évanescence vrille au cœur.
Curieusement il ne se dégage ni tristesse ni nostalgie de ce roman. Il s’agit plutôt de savourer la beauté fugitive de l’instant présent : le chant d’un oiseau, le reflet de la lumière dans la rosée du matin, le parfum d’une bougie, la chaleur d’une voix. Et, par-dessus tout, la délicatesse des objets, la délicatesse dans le choix des mots et des attitudes. Personne n’est jugé, personne ne parle fort.
Le roman lui-même semble chuchoter à l’oreille du lecteur. Comme s’il ne fallait pas réveiller les enfants…
Le récit est une ode à la cristallisation vivante des souvenirs.
Une imagination poétique, une musique animent le subtil roman d’amour de Yoko Ogawa, où l’on devine l’attention de la traductrice. Tout est en délicatesse, et même si l’on glisse vers les rivages du fantastique, voire de l’effroi et du morbide, un apaisement profond empreint ce « cabinet d’écriture pour la sérénité ».
Un roman singulier sur la force des souvenirs et la puissance de l’amour.
Heureux les fanatiques de son œuvre : après quatre ans sans nouvelle traduction française, Yôko Ogawa sort des ténèbres, ou plutôt nous invite à entrer dans les siennes, expérience somnambulique dont elle a toujours eu le secret, mais qu’elle pousse ici à son paroxysme.
Tout au long d’une narration sur le point de trébucher, Yôko Ogawa sème des cailloux d’anomalie, avec un sens de la bizarrerie surnaturelle, source de paix. Volatils, insaisissables, les personnages oscillent entre vie et trépas.
Une œuvre fabuleuse. On pourrait la comparer à Murakami.
Les histoires de Yôko Ogawa, dont c’est le vingt sixième ouvrage traduit en français, ont la force et l’étrangeté de certains contes. On referme le livre : à peine sait-on ce qui a été dit là. Une part de nous pour tant aura du mal à en revenir et l’image nous hantera longtemps de ces concerts en plein vent dont les musiciens se tenaient aussi silencieux et recueillis que les spectateurs.
Yôko Ogawa, toujours aussi poétique et originale.
II y a un souffle, une étrange mélodie qui s’élève dans ce récit. II faut tendre l’oreille, observer les mots qui s’alignent sur le papier comme des notes de musique. On lit en quatrième de couverture : « Ne lisez pas les livres de Yôko Ogawa sans écouter chaque phrase, sans entendre ses mots et l'écho qu'ils produisent. » Un poème de 200 pages.
Ne comptez pas sur Yôko Ogawa pour vous livrer une histoire confortable, linéaire, dans laquelle les surprises et rebondissements ne sont là que pour vous faire tourner les pages. C’est à un tout autre voyage que vous serez invités, embarqués par son écriture, fluide et claire, à déplier comme un fabuleux origami.