Langages de vérité

Quel concentré d’intelligence !

Le message de Rushdie est simple et universel : nous avons besoin qu’on nous raconte des histoires, sinon nous devenons fous et idiots. 

J’ai adoré, c’est une merveille ! Ce livre est réjouissant, magique, c’est plein de malice et d’humour.

Les éditions Actes Sud viennent de publier Langages de vérité, un recueil d’écrits de Salman Rushdie (conférences, articles), qu’on lit avec admiration, car ces textes sont étincelants d’intelligence, d’humour, et avec amertume (ce qui ne lui plairait certes pas) quand on songe au prix payé par l’écrivain britannique, 75 ans, pour sa liberté.

Lire Salman Rushdie aujourd’hui, c’est faire l’expérience des irréductibles pouvoirs de la fiction à bouleverser notre réalité.

L’écrivain est un symbole vivant – survivant – du combat de la liberté contre l’obscurantisme. L’Express lui rend hommage.

Après la lâche agression dont il a été la cible, Salman Rushdie est de retour avec ce livre d’une liberté folle, gorgé d’énergie, d’humour et de lucidité, rassemblant des textes rédigés de 2003 à 2020 dans lesquels ce grand passeur de littérature et d’esprit de résistance évoque aussi bien Milan Kundera que Max et les Maximonstres, la mort de Ben Laden que le souvenir de Schéhérazade... L’ouvrage qu’il nous fallait pour avoir envie de tout relire et ne pas oublier que, contre les rabougrisseurs du monde, il faut aussi gagner la bataille de l’imaginaire.

Salman Rushdie nous invite à une réflexion philosophique sur nos sociétés que ces textes fondateurs ont façonnées. Mais aussi à explorer avec lui le pouvoir intemporel de la création. Une œuvre où se décèle, en filigrane, une louange manifeste mais subtile pour la liberté, trop souvent.

À l’orée d’un siècle qui s’annonce aussi peu recommandable que le précédent, les essais réunis dans Langages de vérité jalonnent l’itinéraire intellectuel et amical d’un dieu indien aux multiples mains à plume. On trouve des analyses, des conférences, des hommages chaleureux et précis à Andersen, Harold Pinter, Philip Roth, Kurt Vonnegut, Samuel Beckett, des souvenirs d’hommes inspirés ou provoqués par des expériences de lecteur.

Brillantissime.

Salman Rushdie, c'est un voyage dans l'histoire de la littérature mondiale. C'est la démonstration de l'importance de la lecture dans le développement de l'individu. C'est aussi et surtout la victoire de la littérature à qui rien ne résiste.

L’ouvrage est une ode à la fiction, un chant, drôle, percutant, magnifique en faveur d’une littérature qui fait entrer le merveilleux dans la banalité du quotidien. Non pas pour fuir la réalité mais pour mieux la voir. Pour sortir de ses ornières, pour se décaler d’elle. La magie des contes est de nous tenir en éveil, rappelle-t-il. Tandis que Salman Rushdie se remet difficilement de l’agression qu’il a subie en août, sa voix nous parvient avec une force intacte. Le plus beau sans doute est qu’il donne envie de lire tous les conteurs du monde.

Un recueil de passionnants essais montre que Rushdie est avant tout un grand écrivain.

Lâchement poignardé aux États-Unis en août dernier, l’écrivain se remet doucement dans le secret le plus total. Mais un livre de lui paraît. Et il est époustouflant. [...] C’est un feu d’artifice de liberté, d’intelligence et de plaisir. 

Avec Langages de vérité, Salman Rushdie déploie sa multiplicité, qui vient peut-être de la « pépite d’or » qu’est sa naissance en Inde, cette « inépuisable corne d’abondance », puis de son immigration, à l’adolescence, non pas un drame mais une autre «pépite » à ses yeux. À coup sûr, elles enrichissent son désir « de montrer comment, dans le monde, tout est lié, comment ici est relié à là ».

Merveilleuse façon de (re)découvrir l’écrivain, ce recueil d’articles pétillants d’intelligence réjouira les fans aussi bien que les néophytes.

Il y’a dans ce recueil une forme d’humilité, de gratitude touchantes. Le propos est décidément moins de parler de soi que de saluer ses pairs. Le livre se clôt sur un questionnaire de Proust paru dans Vanity Fair. Quand on lui demande : « Comment aimeriez-vous mourir ? », Rushdie répond par un ultime clin d’œil à Melville et son scribe Bartleby : « Je préférerais ne pas. »

Ces Langages de vérité foisonnent de mille réflexions et d’une multitude d’indices qui jettent des lumières sur son « atelier poétique ». Il s’y révèle étincelant d’intelligence, pétri d’humour, amoureux fou de la fiction, celle-ci enracinée dans les histoires entendues dans son enfance à Bombay. 

Qu’il évoque son enfance en Inde, la chappe des religions ou ses amis disparus, l’écrivain nous rappelle combien sa voix est vive. Indispensable.

Un livre indispensable à lire dans cette traversée des ténèbres où même internet nous empêche d’accéder à la vérité.