
De même que Le silence de Milan proposait une image de la cité lombarde, Terreurs d’été présente une chronique de la capitale italienne. Rome y est le point d’ancrage de tous les récits, elle en apparaît même comme le personnage principal. Et Anna Maria Ortese parle de sa ville natale à visage découvert, pour nous la révéler dans ce qu’elle a de plus authentique, débarrassée des clichés qui d’ordinaire l’encombrent. Cette Rome est certes une cité surprenante, peuplée de personnages étranges et fantasques, mais c’est surtout une ville intransigeante qui a l’ambition inavouable d’exclure de son sein les petites gens et les déshérités. Terreurs d’été rejoint en cela les autres grands textes d’Anna Maria Ortese. On y retrouve le thème, cher à l’auteur, de l’exclusion engendrée par l’argent et par les différences sociales.
L’héroïne de Terreurs d’été, désireuse de passer l’été à Rome, comprendra vite qu’elle n’a pas accès aux loisirs clinquants de la bourgeoisie oisive de Monte Mario. “Les maisons surgissent, des maisons toujours plus belles, aux loyers faramineux, où nous ne pourrons, nous, jamais entrer.” Il y a là des accents autobiographiques, Anna Maria Ortese a passé elle-même, en effet, son enfance dans la pauvreté et le dénuement le plus complet, et le souvenir de cet état l’a poussée à décrire des êtres déclassés, qui ont toutes les peines du monde à se loger et qui, exilés dans leur propre pays, se sentent étrangers à eux-mêmes et aux autres. Mais cette souffrance, Anna Maria Ortese ne l’évoque jamais avec insistance, elle se contente de la faire sentir par de petites touches cruelles et anodines.
Le mal-être des personnages est à l’image du climat de décomposition qui régna dans l’Italie de l’après-guerre. “On en sort rompu, dit-elle dans une note. Tout vous semble à la fois étranger, merveilleux et impitoyable.” Etrangère, merveilleuse et impitoyable : telle apparaît Rome à ses visiteurs et à ses habitants ; si elle est le locus terribili moderne, c’est parce que, comme eux, elle doit panser ses blessures et se reconstruire.
L’héroïne de Terreurs d’été, désireuse de passer l’été à Rome, comprendra vite qu’elle n’a pas accès aux loisirs clinquants de la bourgeoisie oisive de Monte Mario. “Les maisons surgissent, des maisons toujours plus belles, aux loyers faramineux, où nous ne pourrons, nous, jamais entrer.” Il y a là des accents autobiographiques, Anna Maria Ortese a passé elle-même, en effet, son enfance dans la pauvreté et le dénuement le plus complet, et le souvenir de cet état l’a poussée à décrire des êtres déclassés, qui ont toutes les peines du monde à se loger et qui, exilés dans leur propre pays, se sentent étrangers à eux-mêmes et aux autres. Mais cette souffrance, Anna Maria Ortese ne l’évoque jamais avec insistance, elle se contente de la faire sentir par de petites touches cruelles et anodines.
Le mal-être des personnages est à l’image du climat de décomposition qui régna dans l’Italie de l’après-guerre. “On en sort rompu, dit-elle dans une note. Tout vous semble à la fois étranger, merveilleux et impitoyable.” Etrangère, merveilleuse et impitoyable : telle apparaît Rome à ses visiteurs et à ses habitants ; si elle est le locus terribili moderne, c’est parce que, comme eux, elle doit panser ses blessures et se reconstruire.
avril, 2004
10.00 x 19.00 cm
96 pages
Claude SCHMITT
ISBN : 978-2-7427-4802-0
Prix indicatif : 10.20€
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