Un roman récompensé par de nombreux prix, en France et à l'étranger.
Elle vit comme un garçon, s’habille comme un garçon et passe, aux yeux de tous, pour un garçon.
C’est une «bacha posh» : une de ces filles élevées comme des fils dans les familles afghanes qui n’en ont pas.
À la puberté, elle doit redevenir une jeune femme. Mais quand on a goûté à l’action et à la liberté, comment y renoncer ?
Questions à Charlotte Erlih
Vous êtes scénariste et réalisatrice. À l’origine, «Bacha posh» était un projet de scénario. Pourquoi avoir finalement choisi l’écriture romanesque ?
L’écriture romanesque permet une plus grande liberté dans le choix des sujets que l’on traite et des lieux dans lesquels se déroulent les fictions. On écrit sans avoir à se préoccuper de la faisabilité du projet – ce qui n’est pas négligeable quand, en l’occurrence, il s’agirait de tourner en Afghanistan. Il est aussi très difficile aujourd’hui de faire financer un film français qui ne se situe pas sur le territoire national et dont la langue principale n’est pas le français. Mais je souhaite toujours faire de «Bacha posh» un film et espère que la sortie du livre facilitera cette démarche.
Dans votre roman, l’héroïne est une «bacha posh». Cette tradition afghane est très peu connue du grand public. Comment est né ce projet d’écrire une fiction à partir de celle-ci ?
Il y a quelques années, François Choquet et moi avions écrit un scénario de western dans lequel une jeune fille se faisait passer pour son frère mort afin de protéger sa mère et de préserver leur héritage familial. Nous avions choisi ce contexte profondément viril pour interroger la condition féminine et la spécificité des genres.
Quand j’ai découvert l’existence des «bacha posh» dans un article du« New York Times», ç’a été comme un électrochoc. J’étais sidérée qu’une pratique généralise, à l’échelle d’une nation, ce que nous avions imaginé pour un individu isolé. Fascinée qu’une société préfère tolérer le mensonge plutôt que d’assouplir le sort de la moitié de sa population. J’ai donc souhaité développer une intrigue dans ce contexte, la réalité de cette coutume rendant les problématiques abordées dans le western plus actuelles et plus vives.
Ce bouleversement identitaire vécu par l’héroïne permet d’aborder dans le roman des questions comme la construction de soi, les différences entre les genres. Ces thématiques possèdent une résonance universelle. Quel regard avez-vous voulu porter sur celles-ci ?
Depuis l’adolescence, je me demande quelle aurait été ma vie si j’avais été un garçon, ce qui aurait changé dans mon approche de l’amour, de l’amitié, des projets que je mène. De ce point de vue, ce que vit Farrukhzad est donc une sorte de fantasme pour moi. Être une «bacha posh» permet d’explorer une situation rare : se construire et découvrir son identité au-delà des genres. Même si notre société est moins inégalitaire, on est élevé, dès l’enfance, dans ce clivage fille / garçon, ne serait-ce que du fait des jouets que l’on nous offre, de la manière dont on nous habille ou des histoires que l’on nous raconte. En mettant en scène un personnage qui soit simultanément des deux sexes, j’ai tenté de dépasser cette opposition primaire. Grâce à cet exemple extrême, j’essaie de suggérer que l’identité fondamentale de quelqu’un peut être caractérisée par des critères autres que celui de son sexe. Plutôt que d’être, avant tout, un garçon ou une fille, on peut être généreux ou égoïste, déterminé ou indécis, courageux
mars, 2013
13.50 x 21.50 cm
192 pages
ISBN : 978-2-330-01818-4
Prix indicatif : 14.50€
Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique