Après le Ford de McBride et le Hawks de Todd McCarthy, voici encore une biographie définitive
de l’un des maîtres de Hollywood. J’y ai appris plus que je n’en attendais. Avec le livre de François
Truffaut, c’est l’ouvrage indépassable sur Alfred Hitchcock. A lire sans tarder. »
Bertrand Tavernier
Son enfance, son éducation, la genèse de son inspiration, ses relations avec le cinéma anglais, Hollywood, les femmes, l’argent, les studios, avec François Truffaut aussi, etc., cette biographie d’Alfred Hitchcock explique comment l’un des plus grands cinéastes de l’histoire a construit une œuvre où l’étrange se mêle à l’extrême intelligence, jusqu’au mausolée qui fait de lui pour toujours le « Maître du suspense ».
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Visionnaire esthétique et artiste populaire, il est l’un des cinéastes les plus célèbres ayant
jamais existé. Avec une carrière s’étirant sur près de 60 ans et plus de 60 films, Alfred Hitchcock fut
l’une des figures majeures du 20e siècle, dépassant le cadre du cinéma. Ses films (des 39 Marches aux
Oiseaux, de Fenêtre sur cour à Vertigo) ont propulsé l’art cinématographique dans une dimension
nouvelle, dans la mise en scène comme dans le soin apporté à la manière de raconter une histoire.
Depuis sa mort, en 1980, son image s’est trop souvent réduite à quelques clichés : l’anglais qui
aimait les histoires morbides, l’obsédé sexuel qui tourmentait ses actrices, le cinéaste recherchant
le pouvoir et la gloire. Cette nouvelle biographie (la première depuis 25 ans) apporte, au moyen de
nouveaux éléments et de nouvelles informations, un quadruple éclairage sur Alfred Hitchcock :
— l’extraordinaire artisan du cinéma qui, depuis le muet, ne cessa jamais d’en repousser les frontières ;
— le professionnel passionné qui s’amusait à critiquer les acteurs et les actrices mais qui éleva les
carrières de Cary Grant, Grace Kelly, James Stewart ou Ingrid Bergman à des hauteurs extraordinaires ;
— l’infatigable provocateur qui testait directement auprès du public une inspiration personnelle
dominée par la violence, le sexe, la culpabilité ;
— enfin, à travers la description de l’homme privé, le livre de Patrick McGilligan est un portrait intime
d’Hitchcock : un homme dont la complexité ne l’empêcha jamais de sacrifier sa vie, année après
année, à son travail.
Patrick McGilligan est américain, il vit à Milwaukee avec sa femme et ses enfants. Il est l’auteur de plusieurs biographies non autorisées (Clint Eastwood, Jack Nicholson, Fritz Lang, Robert Altman ou Ginger Rogers) mais aussi des quatre volumes de Backstory, dans lesquels il s’entretient avec les grands scénaristes hollywoodiens des années quarante aux années quatre vingt.
Il est aussi l’auteur de Tender Comrades, une histoire intime et précieuse de la Liste Noire et du Maccarthysme.
Rétrospective Alfred Hitchcock, à Paris et à Lyon
A la Cinémathèque française, jusqu'au 28 février
Rencontre avec Patrick McGilligan le mercredi 2 février à partir de 17h.
A l'Institut Lumière, jusqu'au 3 avril.
Projections, analyses et échanges en présence de Patrick McGilligan, Bertrand Tavernier et Thierry Fremeaux, du 4 au 6 février.
Extrait 1 - A propos du film Les Enchaînés
« Hitchcock avait prévu une scène qui violerait de façon flagrante les directives du Code Hays
interdisant les « baisers excessifs, les étreintes lascives, les postures et gestes suggestifs ».
Officieusement, les baisers à l’écran étaient limités à quelques secondes, mais dans cette scène
des Enchaînés, Cary Grant et Ingrid Bergman s’embrasseraient passionnément pendant beaucoup
plus longtemps. Interrompus par la sonnerie du téléphone, ils resteraient étroitement enlacés en
rentrant dans l’appartement pour y répondre. Quelques phrases du scénario furent modifiées pour
satisfaire les censeurs, mais c’est la mise en scène et le travail de caméra qui se moquaient de ce
code.
Selon Bergman, les deux vedettes se sentaient mal à l’aise pendant le tournage de cette scène.
Hitchcock la rassura : “Ne vous en faites pas, sur l’écran, ça sera très bien.”
C’était si bien que les censeurs acceptèrent la scène. “Nous n’arrêtions pas de bouger et de parler,
de sorte que les baisers étaient constamment interrompues” explique Bergman.
Pendant les années quarante, Hitchcock eut rarement la possibilité d’obtenir la distribution dont il
avait rêvé, mais Les Enchaînés est une splendide exception. Ingrid Bergman était devenue une amie
intime du réalisateur, sa complice dans leur conspiration contre David O. Selznick et Hollywood.
Bergman était lasse de jouer les saintes, et ici, elle avait l’occasion d’interpréter une soûlarde pleine
de remord qui accepte de coucher avec le Diable pour apaiser sa conscience. »
Extrait 2 - A propos de Grace Kelly
« A leur première rencontre, Hitchcock examina Grace Kelly de la tête aux pieds et lui décrivit par
le menu sa garde-robe pour Le Crime était presque parfait. Il avait décidé de codifier l’évolution du
personnage par les couleurs : au début, Margot serait vêtue de couleurs claires ; puis, progressivement,
alors qu’elle devient une victime, puis est accusée de meurtre, elle passerait au “brique, puis au gris,
puis au noir.” Mis à part la robe de dentelle rouge qu’elle porte dans la première scène, tous les
vêtements seraient achetés en prêt-à-porter dans les grands magasins.
Kelly écouta poliment, mais quand Hitchcock lui dit qu’elle porterait une robe en velours pour la
scène des ciseaux, elle protesta : son personnage ne mettrait pas une robe habillée au milieu de la
nuit juste pour aller répondre au téléphone.
“Alors que feriez-vous ? Vous mettriez quoi pour répondre au téléphone ?” demanda Hitchcock.
Kelly lui dit qu’elle ne mettrait rien de spécial. Elle serait en chemise de nuit. Elle lui avait tenu tête,
et cela participera à leur bonne entente. »
Extrait 3 - A propos de la scène de l’avion dans La Mort aux trousses
« La personnalité de Cary Grant est essentielle pour la séquence, mais l’effet général est entièrement une création d’Hitchcock : un mélange magistral de transparences et découvertes, de paysages vrais et faux, d’acteurs et de doublures. En extérieurs, l’avion volait en piqué vers Hitchcock, et la vedette du film courait pour le réalisateur – mais jamais dans le même plan. Et quand Grant se couche sur sol – de toute sa longueur, ce qui ajoute à la beauté du plan –, c’est devant une transparence. Le tout fut assemblé en un montage exemplaire qui sera étudié et apprécié aussi longtemps que le cinéma existera. La séquence est une parfaite histoire courte hitchcockienne : presque aucun dialogue, seulement des bruits naturels, et aucune musique. Une des plus grandes illusions créées par Hitchcock, elle n’aurait pu être réalisée sans les longs préparatifs et le labeur acharné qui caractérisèrent toute la saga de La Mort aux trousses. »
Extrait 4 - A propos de la scène du baiser de Vertigo
« La célèbre scène du “baiser circulaire” n’était pas au programme avant le 16 décembre.
C’est la scène qui, presque à la fin, suit le moment où Judy émerge de la salle de bain, habillée
et coiffée exactement comme Madeleine, ainsi que Scottie lui a demandé. Au cimetière,
dans son tailleur gris, Madeleine était baignée dans une lumière verte ; et maintenant, Judy
transformée est elle aussi baignée dans un éclairage vert, émanant de l’enseigne au néon
de l’hôtel devant sa fenêtre, la même lumière “fantomatique” dont Hitchcock se souvenait
quand il allait, enfant, au théâtre.
La voyant finalement transformée en Madeleine, Scottie étreint Judy, l’embrasse avec
ferveur, libérant ses souvenirs. Les gros plans (Hitchcock les appelait : “big head” : “grosse
tête”) emplissent l’écran tandis que la caméra semble tourner autour du couple (en fait c’est
le décor qui tourne). Scottie est transporté dans le passé, se retrouve dans la grange où il
avait embrassé Madeleine avant qu’elle ne s’échappe et (apparemment) saute du haut du
clocher. Quand la caméra (et la scène tournante) termine son mouvement circulaire, il est de
retour dans la chambre de Judy.
La scène était difficile à filmer, car les acteurs devaient s’embrasser sous un certain angle
tandis que la caméra circulait très près d’eux ; ils devaient s’incliner ensemble de façon à
pouvoir finalement sortir du champ. A la seconde prise, Stewart glissa et tomba. Le tournage
fut interrompu pendant une heure pour lui permettre de consulter le médecin du studio.
Quand il revint, ce plan déchirant, d’une grande beauté romantique – l’un des plus beaux de
l’œuvre d’Hitchcock – fut finalement terminé à la fin de la journée. »
Dans la presse
« Mieux qu'une hypothétique révolution, ce livre de plus de mille pages est un travail de restauration inégalé. (...) Le livre impressionne surtout par la richesse et le recoupement des sources, par l'éclairage sur la préparation des films et les méthodes de travail du réalisateur, par le soin qu'il prend à distinguer la réalité de la légende. Il perd ainsi en romantisme ce qu'il gagne en authenticité. » - Jacques Mandelbaum, Le Monde
« Patrick McGilligan retrace avec minutie, dans une biographie monumentale et sans doute définitive, la vie et la carrière d'Alfred Hitchcock. » - Eric Neuhoff, Le Figaro
« Un livre-somme. » - Jean-Pierre Lacomme, Le Journal du Dimanche
« Un hymne presque parfait. » - Laurence Haloche, Le Figaro Magazine
« L'Institut Lumière entame 2011 avec brio, en programmant une rétrospective Alfred Hitchcock durant trois mois, et en coéditant un appétissant pavé, signé Patrick McGilligan, consacré à l'illustre cinéaste. » - Vincent Raymond, La Tribune de Lyon
« Jusqu'à la fin février, le musée du Cinéma retrace le parcours hors norme de celui qui fit frissonner la terre entière (…) un événement exceptionnel organisé à l'occasion de la sortie du livre de Patrick McGilligan Alfred Hitchcock : une vie d'ombres et de lumière la première biographie du cinéaste écrite depuis vingt-cinq ans. » - Aurélie Sarrot, Métro Paris
« L'écrivain américain Patrick McGilligan publie le 18 janvier Alfred Hitchcock, une vie d'ombres et de lumière considérée par Bertrand Tavernier comme “l'ouvrage indépassable” sur le personnage. » - Hubert Lizé, Le Parisien-Aujourd'hui en France
« Un livre passionnant sur le maître du genre. (...) Cette nouvelle biographie monumentale à laquelle ne manque pas un bouton de guêtre donne une furieuse envie de revoir les uns après les autres tous les films réalisés par l'oncle Alfred. » - Michel Boujut, Charente Libre