Comme chaque année, Actes Sud s’associe aux Rencontres d’Arles avec la publication d'ouvrages sur la photographie et l'organisation d'expositions.
Seront présentés à Croisière :
Dérèglement chromatique de Dolorès Marat ;
Ground noise de Céline Clanet, entretien avec Jérôme Sueur ;
Pays de sang de Spencer Ostrander, textes de Paul Auster ;
Courir après la pluie de Magali Koenig, textes de Blaise Hofmann ;
Hoja Santa de Maciejka Art, lauréate du LUMA Rencontres Dummy Book Award 2022.
La chapelle du Méjan accueillera l'exposition de Charles Fréget, Aam Aasha.
Et l'exposition Assemblages de Saul Leiter se tiendra au Palais de l'Êvéché.
Cette édition des Rencontres d'Arles est dédiée à la mémoire de Jean-Paul Capitani.
- Site des Rencontres de la photographie
- Présentation des expositions sur le site de l'association du Méjan
CATALOGUE DES RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE 2023
Un état de conscience
Sous la direction de Christoph Wiesner, directeur des Rencontres d’Arles
Conscient de son rôle de défricheur de l’état de conscience de notre époque, le festival, en collaboration avec la Cité Anthropocène de Lyon, entreprend cette année une exploration du territoire arlésien et de son écosystème, à travers Soleil Gris d’Éric Tabuchi et Nelly Monnier ; Ici près de Mathieu Asselin, Tanja Engelberts et Sheng-Wen Lo ; Les Enfants du fleuve de Yohanne Lamoulère.
Non loin de là, Lumières des Saintes plonge dans l’histoire du célèbre pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer et Jean-Marie Donat nous fait redécouvrir Marseille, ville de passage, avec les archives du Studio Rex, dans le quartier de Belsunce. À la fin des années 1940, Agnès Varda revient à Sète et photographie les prémices de son premier long métrage La Pointe courte avec Philippe Noiret et Sylvia Montfort.
L’exposition célébrant les cinquante ans du journal Libération à l’abbaye de Montmajour propose une histoire des actualités relayées par la presse. Entre nos murs retrace une histoire de l’Iran des années 1950 à nos jours, tandis que la présence de la diaspora iranienne sur la côte ouest américaine est rendue visible par Soleil of Persian Square d’Hannah Darabi.
Une autre Amérique surgit avec Evening Side de Gregory Crewdson. Les polaroids de Wim Wenders nous révèlent la genèse de son film L’Ami américain avec Dennis Hopper et Bruno Ganz. Une exposition rétrospective nous fait découvrir New York sous l’œil de Saul Leiter. Les images de la Casa Susanna, trouvées au marché aux puces en 2004, nous racontent l’histoire d’une minorité d’hommes travestis dans les années 1950.
Cette année encore, l’expérimentation traverse le champ des expositions et des thématiques, avec le Scrapbook de Zofia Kulik, Roberto Huarcaya et Juliette Agnel. Enfin, Søsterskap se déploie aux regards de dix-huit femmes photographes issues des pays nordiques.
Pour cette édition, c’est l’artiste finlandaise Emma Sarpaniemi qui signe l’affiche du festival avec son autoportrait, à retrouver à l’église Sainte-Anne.
Parution le 28 juillet 2023
Chapelle Saint-Martin du Méjan
3 juillet - 24 septembre 2023
Le projet photographique Aam Aastha, réalisé en Inde de 2019 à 2022, s’inscrit dans le prolongement des séries réalisées par Charles Fréger sur les mascarades dans le monde : Wilder Mann (depuis 2010), Yokainoshima (2013-2015), Cimarron (2014-2018).
Ici, le photographe est allé à la rencontre d’un panthéon aux mille visages : les divinités sont ici légion et s’incarnent à l’occasion de performances sacrées ayant lieu dans les temples, les théâtres et les rues. Variant selon les régions, les communautés ethniques et religieuses mais aussi au gré de l’actualité, la figuration des dieux redistribue, le temps de la mascarade, les rôles sociaux assignés. Celui et celle qui jouent deviennent, par le costume, les incarnations réelles et temporelles du dieu : au changement d’apparence s’associe un changement de statut. Aam Aastha, dont le titre renvoie à ces “dévotions communes”, retient ces saisissants avatars et révèle le jeu masqué des représentations, entre renfort du pouvoir et subversion dans un contexte politique dominé par un hindouisme nationaliste qui tend à uniformiser les pratiques ancestrales.
Paru en mars 2023
SPENCER OSTRANDER, PAYS DE SANG
Croisière
3 juillet - 24 septembre 2023
Qu’est-ce qui fait des États-Unis le pays le plus violent du monde occidental ?
Cette question émerge au regard du projet photographique de Spencer Ostrander, Pays de sang. Sur une période de deux ans, le photographe a fait plusieurs grands voyages à travers les États-Unis pour photographier les sites de plus de trente fusillades de masse ayant eu lieu ces dernières années. Il présente une série de clichés en noir et blanc des lieux de massacres, vidés de toute activité humaine. Et c’est à partir de ses images de lieux sans vie que l’écrivain Paul Auster retrace l’histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis, de la “préhistoire” du pays jusqu’à aujourd’hui. Dans la banalité de ces supermarchés, de ces écoles et de ces lieux de culte désormais déserts résonne la terrible récurrence des tueries de masse aux États-Unis. Le récit de l’écrivain, ponctué des “photographies du silence”, comme celui-ci décrit le travail de Spencer Ostrander, dresse l’état des lieux d’une question de sécurité publique – voire de santé – qui divise, depuis son origine, le pays en deux camps irréconciliables.
Paru en février 2023
Croisière
3 juillet - 24 septembre 2023
Le travail de Maciejka Art explore les thèmes de la féminité, du syncrétisme religieux et de la diversité culturelle.
En 2017, elle s’installe pendant plus d’un an chez Juliana, avocate à José María Morelos, et sa fille adolescente, Veronica. C’est elle qui lui présentera les femmes de la communauté de Costa Chica à Oaxaca, village afro-mexicain : guérisseuses, sage-femmes, queridas (maîtresses), veuves, mères célibataires ou mères de nombreux enfants. Si elles vivent relativement séparées des hommes en raison d’une violence historique à l’échelle locale, la vie de la communauté repose sur elles.
Le village est imprégné de magie, d’énergies cachées et de secrets. La médecine traditionnelle et les techniques de guérison comme l’espanto (récupération de l’âme) ou l’empacho (guérison par digestion émotionnelle) impressionnent l’artiste. Pour retranscrire ce qu’elle voit, elle choisit le collage mixte et la peinture sur photographie. Ce récit, qu’elle considère aussi comme une forme d’autobiographie dans laquelle se reflète sa propre multiculturalité, comporte plusieurs lectures : anthropologie des villages afro-mexicains, syncrétisme des spiritualités catholique et africaine, place des femmes dans la société.
Ce projet a reçu le Dummy Book Award aux Rencontres d’Arles 2022.
Parution en octobre 2023
DOLORÈS MARAT, DÉRÈGLEMENT CHROMATIQUE
Croisière
3 juillet - 24 septembre 2023
Toujours munie d’un Minolta puis d’un Leica, Dolorès Marat capte ce qu’elle éprouve, ce qu’elle sent : elle projette des visions surgies au pied d’un escalator du métro, sous un clair de lune rouge ou face à un arbre humanoïde. Elle se hâte de photographier, répondant à son instinct, et ce mouvement précipité se retrouve dans ses images. Ni recadrées ni retouchées, les photographies de Dolorès Marat présentent pourtant une large palette de couleurs, souvent issue de l’éclairage artificiel de la ville. Elle est une photographe de la nuit, de l’illusion, du rêve. Du tirage quadrichromique au charbon - dit “procédé Fresson” du nom de son créateur, qu’elle privilégie jusqu’à la disparition de celui-ci en 2020 - à l’impression pigmentaire sur papier japonais artisanal réalisée par l’atelier SHL à Arles, la matérialité des tirages est au cœur de sa pratique. Cette sélection rétrospective de tirages uniques est une invitation à plonger dans des images atemporelles, évanescentes mais persistantes comme autant de paysages intérieurs baignés de solitude.
Paru en juin 2023
Palais de l'Évêché
3 juillet - 24 septembre 2023
Né en 1923 à Pittsburgh, fils d’un grand talmudiste, il délaisse à 20 ans des études de rabbinat pour rejoindre New York afin d’y poursuivre sa carrière de peintre. Au tournant des années 1940-1950, New York est le centre trépidant d’une création artistique intense. Willem de Kooning, Mark Rothko et les peintres de l’expressionnisme abstrait y exposent leurs travaux. En photographie émerge le bref mouvement de la street photography, porté par Louis Faurer, Sid Grossman ou Leon Levinstein. Rapidement exposée et appréciée par la critique, l’œuvre picturale de Saul Leiter ne rencontre pas le succès commercial escompté, mais ses travaux – et l’influence de personnalités comme Eugene Smith ou Alexey Brodovitch – le conduisent à découvrir le potentiel créatif de la photographie.
En 1947, il découvre au MoMA la célèbre exposition d’Henri Cartier-Bresson et commence à photographier les rues de New York. Admirateur d’Édouard Vuillard, il impose sa maîtrise de la couleur dans des vues citadines non conventionnelles, où les reflets, les transparences, la complexité des cadrages, les effets de miroir se marient à l’usage du film inversible et du téléobjectif pour écrire une forme unique de pastorale urbaine abstraite.
Paru en juin 2023
MAGALI KOENIG, COURIR APRÈS LA PLUIE
Croisière
3 juillet - 24 septembre 2023
Cet ouvrage rassemble les photographies de Magali Koenig réalisées entre 1988 et 2017 au cours de treize voyages en Russie. Séduite par la découverte de Moscou et l’esprit du peuple russe, la photographe suisse part sur les traces d’Anton Tchekhov ou à la recherche d’un décor d’Andreï Tarkovski. Elle s’imprègne de la beauté des lieux, bercée par la lenteur des anciens pétroliers qui naviguent sur la Lena. Elle embarque à Oust-Kout et descend le fleuve jusqu’à Yakoutsk. De ses voyages, elle rapporte des images qui évoquent la beauté d’un presque rien, l’attente avant la fête, le souvenir d’une rencontre.
En écho, l’écrivain Blaise Hofmann illustre en vingt-cinq poèmes un périple en Russie effectué en 2002. Ses mots dialoguent avec les photographies de Magali Koenig ; ils restituent le peu que l’on se sent être à l’autre bout du monde, les surprises au contact d’une autre culture, à quel point le partage de pirojkis et d’une vodka unit.
Deux façons de sentir le temps, s’étirer dans l’immensité russe.
Paru en octobre 2022